Wassila. B

L’Algérie mise résolument sur la formation professionnelle pour accompagner les mutations du marché du travail et les exigences de l’économie numérique. C’est ce qu’ont affirmé, lundi à Alger, le ministre de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, M. Noureddine Ouadah, et la ministre de l’Enseignement et de la Formation professionnels, Mme Nacima Arhab, lors d’un débat public tenu en marge de l’inauguration du premier Salon Formatech Expo au Palais des expositions (Safex).

Les deux ministres ont souligné, chacun à son niveau, le rôle stratégique de la formation professionnelle dans la création de nouvelles compétences adaptées aux mutations technologiques rapides. Pour M. Ouadah, « la formation professionnelle constitue aujourd’hui la niche la plus apte à fournir des cursus adaptés aux technologies émergentes et aux métiers du futur ».

Selon lui, l’un des atouts majeurs de ce secteur réside dans sa flexibilité. « Contrairement aux cursus universitaires qui nécessitent un cycle d’au moins cinq ans, la formation professionnelle permet d’acquérir de nouvelles compétences en quelques mois seulement », a-t-il expliqué. Ce modèle, poursuit-il, « offre la possibilité de répondre rapidement aux besoins du marché et d’accompagner les transformations induites par les nouvelles technologies de l’information et de la communication ».

Ouadah a insisté sur la nécessité de bâtir une ressource humaine qualifiée capable de maîtriser les technologies émergentes. « La maîtrise technologique exige de la formation, de l’investissement, de la flexibilité et des compétences humaines. Ce sont précisément ces leviers que la formation professionnelle peut activer de manière rapide et efficace », a-t-il affirmé, avant d’appeler les jeunes à s’ouvrir à l’autoformation, notamment en ligne, afin de suivre en temps réel les évolutions du marché mondial.

Rapprocher formation et économie

De son côté, Mme Nacima Arhab a présenté la nouvelle vision de son département, fondée sur une stratégie en deux axes. Le premier consiste à rapprocher la formation professionnelle du tissu économique et du climat des affaires, à travers une collaboration accrue avec les opérateurs publics et privés. « Il s’agit de répondre concrètement aux besoins du marché du travail, en introduisant des mécanismes de coordination entre l’administration centrale et les instituts de formation publics et privés », a-t-elle précisé.

Le second axe de cette stratégie vise à repense l’enseignement professionnel pour mieux anticiper les évolutions technologiques et orienter efficacement les jeunes vers les secteurs porteurs. « Nous avons adopté une approche prospective pour préparer les stagiaires aux métiers de demain et mieux adapter nos programmes à l’économie numérique », a souligné la ministre.

Dans ce cadre, 32 nouvelles spécialités ont été introduites dans les programmes de formation, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle, du commerce électronique, de la cybersécurité et de la robotique. Ces formations, diplômantes ou qualifiantes, ont été élaborées sur la base d’un « engineering pédagogique » moderne, inspiré des standards internationaux.

Mme Arhab a également annoncé la mise en place prochaine d’agréments spéciaux de formation professionnelle destinés aux entreprises d’accompagnement, telles que les incubateurs et accélérateurs de start-up. « L’objectif est d’impliquer davantage ces structures dans le processus de formation, afin de rapprocher encore plus le monde académique du monde de l’entreprise », a-t-elle expliqué.

Selon la ministre, cette initiative découle d’un constat clair : les financements et le foncier existent pour encourager la création d’entreprises, le potentiel humain est là, mais il manque souvent l’encadrement et les compétences nécessaires pour transformer les idées en projets viables. « C’est pour combler ce déficit que nous avons engagé une étude globale et un itinéraire pédagogique et scientifique pour introduire ces nouvelles spécialités et renforcer l’accompagnement des jeunes porteurs de projets », a-t-elle ajouté.