Djamila M
L’école normale supérieure Ahmed-Amour d’Oran a abrité, les 15 et 16 octobre 2025, un colloque national consacré à « L’enseignement supérieur à l’ère de l’intelligence artificielle : perspectives et défis », réunissant plus d’une centaine de chercheurs, d’enseignants et d’étudiants issus de plusieurs universités du pays.
Objectif : analyser les transformations accélérées que les technologies d’intelligence artificielle (IA) imposent aujourd’hui à l’université algérienne.
Selon la docteure Kawther El-Abed, informaticienne et présidente du comité d’organisation, cette rencontre scientifique se veut « une plateforme de réflexion sur les impacts profonds de l’IA dans l’enseignement, la recherche et la gouvernance académique ».
Elle a souligné que le colloque visait aussi à identifier les défis liés à l’intégration de ces technologies, tout en mettant en lumière les opportunités inédites qu’elles offrent pour améliorer la qualité de l’apprentissage et renforcer la performance institutionnelle.
L’éthique au cœur des débats
Les échanges ont accordé une place centrale aux questions éthiques, notamment celles relatives à la protection de la vie privée, à la fiabilité des données et à la sécurité numérique.
Le programme a alterné conférences, ateliers pratiques et présentations multimédias préparées par de jeunes chercheurs, autour de thématiques telles que les applications de l’IA dans la pédagogie universitaire, les risques de dérive technologique, ou encore la formation d’une génération apte à évoluer dans un environnement numérique intelligent.
« L’Algérie doit développer son propre modèle d’intelligence artificielle »
Pour la docteure El-Abed, l’organisation de ce colloque répond à « une urgence nationale : celle d’accompagner la transformation numérique mondiale ». Elle a plaidé pour la création d’un modèle algérien d’intelligence artificielle, respectueux de la langue, de la culture et de l’identité nationale.
Plusieurs interventions d’experts ont enrichi le débat, à l’image de celle de la professeure Cheikh Omar, spécialiste de la langue arabe, qui a comparé les politiques d’intégration de l’IA dans les universités arabes et occidentales. Elle a insisté sur la nécessité de refonder les stratégies éducatives afin de garantir la qualité et l’équité numérique dans l’enseignement supérieur.
Entre avancées et défis structurels
La professeure Cheikh a salué les efforts engagés par l’État algérien pour renforcer l’écosystème de l’intelligence artificielle — notamment à travers la création d’écoles supérieures spécialisées, à l’instar de celle d’Alger, et l’ouverture de programmes de master et doctorat dans des universités comme Ghardaïa et Sétif.
Mais elle a également rappelé les défis techniques et humains auxquels le pays reste confronté : infrastructures numériques insuffisantes, manque de compétences qualifiées, absence de cadre réglementaire clair et disparités de moyens entre établissements.
Au-delà des constats, le colloque d’Oran a constitué une véritable tribune de prospective académique, appelant à bâtir un avenir universitaire où l’intelligence artificielle sera non pas une contrainte, mais un levier de modernisation et d’équité dans le système éducatif algérien.