S Hadjar
À l’occasion du 64ᵉ anniversaire des manifestations du 17 octobre 1961 et du 71ᵉ anniversaire du déclenchement de la Révolution de Novembre 1954, l’Université d’Oran 1 Ahmed Ben Bella a abrité, au sein de la Faculté des sciences humaines, un colloque national consacré à l’Algérie à la fin de l’époque ottomane dans l’historiographie occidentale (1792-1830).
Cette rencontre scientifique d’envergure, organisée par le Laboratoire d’études maghrébines : les élites et la construction de l’État national, s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche intitulé « Les sources européennes et leur regard sur l’histoire de l’Algérie à la fin de la période ottomane : étude critique et bibliographique ».
Une commémoration empreinte de mémoire et de réflexion historique
La cérémonie d’ouverture, empreinte de recueillement et de solennité, a débuté par une minute de silence en hommage aux martyrs du 17 octobre 1961, suivie de l’exécution de l’hymne national et de la récitation de versets du Saint Coran.
Plusieurs allocutions ont ensuite marqué l’entame des travaux, notamment celles du professeur Hamid Aït Abouch, directeur du laboratoire et président du colloque, du docteur Kacem Sadeq, chef du département d’histoire, de Mokhtar Seddiki, directeur du musée du moudjahid d’Oran, ainsi que du doyen de la faculté, le professeur Mohamed Ben Djabour.
Tous ont souligné la nécessité de revisiter les récits historiques produits sur l’Algérie, de déconstruire les prismes coloniaux et d’enrichir la recherche scientifique à travers une lecture critique des sources occidentales.
Des communications riches et variées
Les échanges se sont articulés autour de deux grandes séances scientifiques rassemblant universitaires, historiens et chercheurs venus de plusieurs institutions du pays.
La première séance a mis en lumière la diversité des regards européens sur l’Algérie ottomane. Le professeur Ahmed Renima a ouvert la discussion avec une intervention sur « La guerre algérienne-américaine de 1815 à travers les archives maritimes américaines ».
Le professeur Mohamed Medjaoued a ensuite exploré « L’historiographie du XIXᵉ siècle vue par l’auteur Alan Riso », tandis que la docteure Leïla Belkacem a analysé « Les déterminants historiques de la chute d’Alger en 1830 ».
D’autres contributions, à l’instar de celles de Mohamed Dadda sur « Les Juifs d’Algérie dans l’historiographie occidentale du XVIIIᵉ siècle » ou du professeur Karim Ould Nebia sur « La contribution du voyageur Thomas Shaw à l’histoire locale algérienne », ont apporté des éclairages inédits sur des aspects souvent négligés de l’histoire précoloniale.
La seconde séance s’est intéressée aux récits diplomatiques, littéraires et scientifiques portant sur la Régence d’Alger.
Le professeur Karim Madjoub a présenté une communication sur « L’Algérie à la fin du XIXᵉsiècle », suivi de la docteure Souria Hissam, qui a restitué « Le rapport du capitaine Boutin sur la Régence d’Alger au début du XIXᵉ siècle ».
Le professeur Hamid Aït Abouch est revenu sur « L’Algérie à la veille de l’occupation française à travers les mémoires du consul américain William Shaler », tandis que le docteur Mansour Derkaoui a examiné « L’Algérie dans l’historiographie française, entre subjectivité et objectivité ».
Des interventions originales, telles que celle de la docteure Manal Berfas sur « La Régence d’Alger (1519-1830) dans les écrits du russe Youri Petrossian » ou de la docteure Saadia Rekkad sur « La ville d’Alger à travers le regard du médecin américain Abdyk Andrew Hill dans le récit de Royal Tyler », ont enrichi le débat scientifique.
Un hommage à la recherche et à la mémoire nationale
Les travaux du colloque se sont achevés par une cérémonie de distinction honorant les chercheurs et intervenants pour leur contribution à la valorisation du patrimoine historique algérien.
Ce rendez-vous académique a ainsi conjugué devoir de mémoire et exigence scientifique, en offrant une relecture approfondie du passé algérien à travers le prisme des sources occidentales.
Une démarche saluée par les participants, qui ont insisté sur la nécessité de multiplier ce type d’initiatives, à la croisée de la recherche universitaire et de la préservation de la mémoire nationale.