Par H. Nassira
Invité de Cap DZ, Yahiaoui Lahouari , président de l’organisation Réseau éco-citoyenneté, a lancé un vibrant appel aux autorités locales pour redoubler d’efforts afin de protéger les forêts, les espaces verts, les zones humides et l’ensemble du cadre de vie face à la dégradation croissante.

Évoquant le recul du bénévolat dans les initiatives environnementales, il a abordé des sujets essentiels, notamment le fait que la Journée mondiale de la montagne, célébrée le 11 décembre, est passée quasiment inaperçue. Tout en affichant son optimisme quant à la programmation prochaine d’un projet sectoriel de sauvegarde des forêts, il a également pointé le rôle limité de l’institution Oran Verte et proposé un renforcement des partenariats avec des structures privées émergentes. Enfin, il a suggéré la création, au sein de la direction de la formation et de l’enseignement professionnels, d’une filière spécialisée en horticulture pour combler les lacunes actuelles.

Cap DZ : Cette année, la Journée mondiale de la montagne a été à peine célébrée. Pourquoi ?

Yahiaoui Lahouari : La Journée mondiale de la montagne, le 11 décembre, n’a malheureusement pas eu l’écho qu’elle mérite. Par le passé, nous la célébrions avec des associations et des enfants, car les montagnes sont des ressources naturelles cruciales : elles constituent des réservoirs d’eau, possèdent des intérêts économiques importants et recèlent de précieuses ressources minérales. Nous espérons que les autorités prendront conscience de leur rôle central dans le développement durable, la préservation de la biodiversité et l’entretien des forêts.

Cap DZ : Concernant les forêts, quelles solutions pour enrayer leur dégradation et les maladies qui affectent les arbres à Oran ?

Yahiaoui Lahouari : Les pins d’Alep ont été particulièrement touchés par l’invasion de chenilles, notamment dans la forêt de Merjago, autrefois luxuriante. La direction des forêts est intervenue, dépêchant des inspecteurs depuis la capitale et produisant un rapport complet.
Il est temps de redonner aux forêts de Tafraoui, Mers El Hadjadj, Djebel El Oussoud ou Medagh l’attention qu’elles méritent. Le réseau tire la sonnette d’alarme : la chenille Scolytus, aggravée par la sécheresse, menace gravement la couverture forestière. Nous avons aussi observé que d’autres pays, confrontés au même problème, ont opté pour des solutions alternatives, comme le remplacement partiel des pins d’Alep par des espèces plus adaptées, telles que le caroubier.
Une étude a été réalisée par la conservation des forêts d’Oran et au niveau central. Un projet sectoriel de sauvegarde pourrait ainsi être programmé, à condition d’être accompagné d’un plan de communication à destination des citoyens, afin d’éviter toute confusion lors de l’abattage d’arbres morts et leur remplacement.

Cap DZ : Comment protéger davantage les espaces verts dans les quartiers, alors que leur suivi et leur entretien sont insuffisants ?

Yahiaoui Lahouari : Notre priorité est la défense des espaces verts. Ils ne sont pas inexistants : à Oran, nous avons le Jardin de la Liberté et le Jardin Méditerranéen. Le problème réside surtout dans l’entretien et le suivi. Il est indispensable d’étendre ce type d’initiatives à d’autres communes et de ne pas se limiter à la seule ville-centre.

Cap DZ : Selon vous, l’EPIC Oran Verte peut-elle assumer la préservation des espaces verts?

Yahiaoui Lahouari : Oran Verte ne peut pas assurer seule la gestion de tous les espaces verts. Nous proposons donc que les communes élargissent leurs partenariats avec des structures privées émergentes, en respectant un cahier des charges précis, afin de compléter son action.

Cap DZ : Le problème réside-t-il dans l’institution elle-même ou dans le manque de spécialistes en horticulture ?
Yahiaoui Lahouari : Les efforts existants sont indéniables, mais insuffisants. La participation de spécialistes en horticulture est encore trop rare. Nous suggérons à la direction de la formation et de l’enseignement professionnel de créer une filière spécifique pour former des experts capables de répondre aux besoins des espaces verts et de garantir leur entretien durable.

Cap DZ : Où est passé le bénévolat pour la propreté et l’entretien de l’environnement à Oran ?
Yahiaoui Lahouari : Ces dernières années, on constate un recul des campagnes de nettoyage menées par la société civile. Cependant, le bénévolat reste actif dans la reforestation après les incendies qui ont touché la région. Le Président insiste d’ailleurs sur l’implication des jeunes dans ces initiatives. Nous avons constaté, par exemple, que des jeunes formés lors des Jeux méditerranéens se sont engagés par la suite dans le Croissant-Rouge algérien.
Pour ce qui est de la propreté, le problème relève davantage de la sensibilisation des citoyens. Le bénévolat doit être concret et sur le terrain, et ne pas se limiter à une présence sur les réseaux sociaux.

Cap DZ : Quels projets espérez-vous voir se concrétiser en 2026 ?

Yahiaoui Lahouari : Nous espérons rouvrir l’espace naturel du lac de Daya Morsli et redonner vie aux zones humides. Il est également nécessaire de diversifier les plantations : arrêter de planter des palmiers qui meurent dans certains quartiers et privilégier des arbres qui offrent de l’ombre et des bénéfices concrets aux habitants. L’exemple de la rue du 5-Juillet, dans le quartier Colonel Lotfi, montre que l’on continue à planter des palmiers inadaptés, malgré les recommandations des spécialistes.
Notre message est clair : il est temps de prendre soin de la nature et de l’environnement. Tel est l’appel du Réseau pour l’environnement et la citoyenneté.