Wassila. B

Dans le paysage politique algérien, certains portefeuilles ministériels sont de véritables lignes de front, concentrant des défis colossaux et des attentes populaires immenses. Le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports en est l’archétype. À sa tête, Saïd Sayoud incarne une figure centrale du gouvernement, pilotant avec une énergie remarquable des dossiers aussi complexes que stratégiques pour l’avenir du pays. Des rails aux routes, du ciel à la réorganisation du territoire, son action méthodique et ambitieuse dessine les contours d’une Algérie plus connectée, plus moderne et mieux administrée.

Le constat était sans appel : un réseau ferroviaire sous tension, un parc vieillissant de matériel roulant, et une demande en transport de voyageurs et de marchandises en constante augmentation. Face à ce déficit structurel, le ministre Sayoud a annoncé une mesure d’une ampleur inédite : une enveloppe présidentielle de 180 milliards de dinars (environ 1,4 milliard de dollars) dédiée exclusivement à l’acquisition de nouveaux wagons et locomotives. Cet appel d’offres international, dont le cahier des charges est finalisé, marque le coup d’envoi d’une révolution ferroviaire.

Cette commande massive s’inscrit dans le cadre d’un programme global de modernisation de la SNTF doté de 378 milliards de dinars. L’objectif est clair et quantifié : porter la capacité de transport de voyageurs de 32 millions à 100 millions par an à l’horizon 2035. Pour y parvenir, les ambitions sont à la hauteur des besoins : acquisition de 400 wagons de voyageurs, de locomotives de grande puissance polyvalentes (voyageurs/marchandises), d’autorails, y compris à grande vitesse, et de wagons pour le fret. La livraison échelonnée entre 2026 et 2027 commencera à soulager un réseau asphyxié.

Mais la vision de M. Sayoud et de la SNTF va au-delà du simple achat de matériel. Il s’agit d’une refonte complète de l’expérience utilisateur et de l’efficacité opérationnelle. Le programme prévoit ainsi la réhabilitation de 94 gares et la modernisation de 8 gares principales. L’exemple phare est la ligne Constantine-Alger, dont la réhabilitation permettra aux trains d’atteindre des vitesses de 100 à 160 km/h, réduisant le temps de trajet de plus de trois heures. Cette approche intègre également la modernisation numérique, avec le déploiement de distributeurs automatiques de billets de fabrication locale et la mise en place d’un billet unique intermodal (train, tram, bus, métro) à Alger. Parallèlement, la remise en service de trains Coradia après maintenance par des compétences nationales démontre une stratégie de court et long terme.

Le décollage d’Air Algérie

Conscient du rôle stratégique d’Air Algérie, classée parmi les trois plus grandes compagnies aériennes d’Afrique, le ministre Sayoud agit sur deux fronts : le soutien immédiat au service public et le renforcement structurel de la flotte. Il a ainsi mis en avant les efforts pour améliorer la qualité de service, notamment par des réductions tarifaires ciblées lors des périodes de fêtes.

Sur le plan capacitaire, l’horizon s’éclaircit significativement. L’arrivée imminente de seize avions régionaux ATR à partir de juin prochain va densifier et sécuriser les liaisons intérieures, particulièrement vers le Sud et les Hauts Plateaux. Surtout, le renouvellement de la flotte long-courrier est engagé avec l’acquisition de dix-huit appareils gros-porteurs, dont des Airbus A330-900 (le premier déjà réceptionné) et des Boeing. Ces acquisitions permettront à Air Algérie de consolider sa position sur le marché continental et international, en offrant plus de capacités et un meilleur confort.

Le dossier de la sécurité routière, véritable fléau national, est traité avec une fermeté et une vision systémique par le ministre. Le projet de nouveau Code de la route porté devant l’APN est présenté comme un texte fondateur, instaurant une culture de la responsabilité étendue. Sur instruction du président Tebboune, il consacre le principe de l’engagement de la responsabilité pénale et civile de toutes les parties impliquées dans un accident, y compris les fabricants ou vendeurs de pièces de rechange contrefaites.

Les outils pour faire respecter la loi seront modernisés, avec l’adoption du contrôle automatisé des infractions, mesure dissuasive et équitable. M. Sayoud aborde également des problèmes concrets, comme les ralentisseurs anarchiques (dont 70% seraient installés par des citoyens), en ordonnant leur démolition et leur régularisation. Enfin, des projets structurants sont en cours, comme le permis à points prévu pour fin 2026 et la numérisation des examens théoriques.

Réforme territoriale

Peut-être la réforme la plus structurante pour l’Algérie de demain, le projet de promotion de 11 circonscriptions administratives au rang de wilayas à part entière, portant leur nombre total à 69, a été présenté par le ministre devant le Conseil de la Nation. Cette décision, fruit d’une évaluation objective et d’instructions présidentielles claires, vise à renforcer la décentralisation, à rapprocher l’administration du citoyen et à accélérer le développement local en tenant compte des spécificités régionales.

  1. Sayoud a détaillé les préparatifs minutieux de cette transition historique : nomination de walis délégués, réaffectation de centaines d’employés, ouverture de 1800 postes budgétaires, et une enveloppe de 10 milliards de dinars pour l’équipement et l’extension des bâtiments administratifs. Une période transitoire d’un an, jusqu’au 31 décembre 2026, est prévue pour une mise en œuvre fluide et efficace.

L’action du ministre Saïd Sayoud se caractérise par une approche globale, pragmatique et résolument tournée vers l’avenir. Qu’il s’agisse de lancer des appels d’offres internationaux pour les trains, de superviser le renouvellement d’une flotte aérienne, d’instaurer une nouvelle rigueur sur les routes ou de redessiner la carte administrative du pays, son travail semble guidé par une même philosophie : moderniser les infrastructures, améliorer le service au citoyen, et renforcer la gouvernance par la décentralisation et la responsabilité. Dans un secteur aussi vital que les transports et l’organisation du territoire, son ministère apparaît comme une pièce maîtresse de la transformation en cours de l’Algérie, avec pour horizon affiché une connectivité renforcée, une sécurité améliorée et un développement plus équitable de tous les territoires nationaux.

Cette feuille de route ambitieuse, déployée sur plusieurs fronts simultanément, révèle une philosophie d’action gouvernementale cohérente. En liant la modernisation des infrastructures de transport (ferroviaires, aériennes, routières) à une réforme profonde de l’organisation territoriale, le ministre Sayoud agit sur deux leviers complémentaires du développement national. D’une part, il fluidifie les connexions et les échanges à toutes les échelles, du quotidien des citoyens à la compétitivité économique du pays. D’autre part, en créant de nouvelles wilayas, il rapproche le centre de décision des réalités locales, permettant théoriquement une allocation plus fine des ressources et une administration plus réactive. Cette double dynamique – mieux relier et mieux administrer – vise à créer un cercle vertueux où les nouvelles infrastructures servent des territoires plus autonomes et dynamiques.

Le ministre a insisté sur le fait que l’ampleur des chantiers engagés appelle à une vigilance constante quant à leur exécution. Les délais de livraison des nouveaux trains, l’absorption efficace des nouvelles wilayas, la mise en œuvre sans faille du code de la route et l’intégration optimale des nouveaux avions dans la flotte d’Air Algérie constitueront autant de critères tangibles de succès. La clé résidera dans la capacité à maintenir la rigueur et la coordination interministérielle sur la durée. Avec la réalisation de ces défis, l’Algérie se sera dotée non seulement de transports modernisés, mais aussi d’un cadre territorial et réglementaire rénové, posant les bases d’un développement plus harmonieux et résilient pour les décennies à venir. Le pilotage du ministre Sayoud, à la croisée de l’opérationnel et du stratégique, sera déterminant pour transformer ces projets prometteurs en réalisations concrètes au service des Algériens.