H. Nacéra
« Personne n’a pensé à ouvrir une enquête sur ce qui se passe dans la forêt du Murdjadjo. La forêt jaunit… peut-être que certains la veulent déserte… ». C’est ce qu’a déclaré le wali d’Oran Said Sayoud, lors d’une récente réunion avec des représentants de la société civile sur la situation à laquelle est arrivée la forêt du mont de l’Aïdour, plus communément connu par l’appellation El Murdjadjo, en référence à la tribu Mardja qui occupait les rives de Ras El Ain. Un relief montagneux, témoin de la présence humaine depuis la préhistoire (village d’Ifri), ainsi que du passage d’innombrables civilisations : numide, punique, romaine, byzantine, arabe, Ottomane, espagnole et française.
Le chef de l’exécutif d’Oran, semblait très inquiet par l’étrange phénomène du jaunissement de la crête de ce massif montagneux, n’écartant pas du coup l’œuvre de la main de l’homme. Sur un ton ferme, Sayoud menace de représailles les éventuels auteurs de ce massacre de la faune et de la flore, en sévissant d’une main de fer, pointant un doigt accusateur vers les barons du foncier, lesquels tentent depuis des décennies de s’accaparer des terres au dépend de la forêt. « Il la veulent déserte et aride » avait-t-il proclamé. En effet, ces barons qui opèrent dans la capitale de l’ouest, avides de gains faciles, tentent de s’approprier sans scrupules de chaque bout de terre que recèle la ville d’Oran. La mémoire des oranais se souvient encore des tentatives faites à la « Calère » sise à Sidi El Houari, ou encore aux Planteurs. D’immenses pressions ont été exercées pour s’approprier des terrains inoccupés. Dernier exemple en date, celui des colporteurs de fer. Ces derniers et jusqu’à l’heure actuelle continuent de dilapider tout le fer que recèlent les rambardes qui longent le chemin montagneux des planteurs et du petit santon. Même les pilonnes et les filets en alliages, installés pour protéger des éboulements, n’ont pas été épargnés. Aussi, l’ouverture d’une enquête, estime le wali, lèvera tout le voile sur les causes de ce jaunissement des cimes. S’agit-il d’un acte délibéré d’empoisonner la flore ? La forêt d’Oran demeure un patrimoine naturel à couper le souffle, et sa magnificence attire le regard scruteur du visiteur et le subjugue par sa beauté sauvage. En somme, un lieu hautement touristique. Le wali a assuré de mettre tout en œuvre et de peser de tout son poids pour élucider cette situation en y impliquant également des gens du domaine et des spécialistes pour protéger cet acquis naturel et préserver la biodiversité afin d’assurer la durabilité des ressources naturelles. Selon le wali d’Oran, plusieurs signes constatés indiquent une intention malveillante de vouloir porter atteinte à ce qu’Oran recèle de plus beau et de plus sacré. Le mont Murdjadjo s’élève à 429,3 m au dessus du niveau de la mer et constitue, l’une des plus vielles formations géologiques de l’Algérie. En plus d’être un lieu hautement stratégique, puisqu’il surplomb toute la baie d’Oran et de Mers El Kebir, en plus de la plaine de la Sebkha et est couronné par des sites historiques tels, que le Fort santa Cruz, la chapelle de la vierge, ainsi que de plusieurs fortins.



















