Wassila. B

Les médias du Makhzen paniquent depuis que les présidents algérien et mauritanien ont initié de nombreux projets communs à la frontière entre les deux États. Le renforcement de l’axe Alger-Nouakchott inquiète au plus haut point Rabat. La panique est montée d’un cran depuis que le Président Tebboune et son homologue mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani ont inauguré deux postes frontaliers à Tindouf et lancé les projets de réalisation d’une zone franche et d’une route stratégique devant relier Tindouf, à l’extrême sud-ouest de l’Algérie, à la ville de Zouérate, en Mauritanie, sur une longueur de près de 800 kilomètres. Les médias du Makhzen critiquent jalousement ces projets. Il y a quelques semaines, le gouvernement mauritanien a imposé une très forte taxation douanière sur les produits marocains, notamment des fruits et légumes, entrant par le passage frontalier d’El Guerguarat, au sud du Sahara occidental occupé. À Rabat, cette taxation douanière est perçue comme le début de la fin de la mainmise des commerçants marocains sur des circuits entiers de l’économie mauritanienne. Cette nouvelle taxation intervient au moment où l’Algérie a multiplié les engagements concrets avec ce pays frère, avec l’ouverture d’une filiale d’Algerian Union Bank fin 2023 et d’une ligne maritime, inaugurée en février 2022. Alger et Nouakchott ont lancé une nouvelle orientation stratégique qui fera de la Mauritanie une nouvelle route vers l’Afrique de l’ouest et éventuellement une porte sur l’Atlantique pour les pays du Sahel. La zone franche Algéro-Mauritanienne n’est que la première d’une longue série annoncée par le président Tebboune et qui inclut des zones similaires avec la Tunisie et la Libye et surtout avec le Mali et le Niger. Contrairement à ce que prétendent les médias de désinformation au Maroc, le projet est loin d’être utopique. L’Algérie a les moyens financiers de le mettre en œuvre et la Mauritanie a tout à gagner en permettant sa concrétisation. Le projet tue l’illusion utopique marocaine de faire du Sahara occidental occupé un passage vers l’Atlantique pour les pays enclavés du Sahel et qui n’a d’autre objectif que de contrer la route Transsaharienne, réalisée par l’Algérie et déjà fonctionnelle sur tout le territoire algérien. Les pays du Sahel ne croient pas un instant au fantasme marocain qui nécessite la réalisation, en plein désert, de 7.000 kilomètres de routes. Le Maroc et les États du Sahel n’ont pas les moyens pour financer un tel projet qui nécessite la pleine coopération de la Mauritanie, outre les impasses juridiques liées au Sahara occidental occupé et les problèmes techniques liés à la construction de cette route. La Mauritanie est la clé de voûte de tous les plans marocains dans la région. Toute harmonie entre Nouakchott et Alger est perçue au palais du Makhzen à Rabat comme une menace. En plus de la route vers l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, le Maroc est sur un autre projet utopique de gazoduc Nigeria-Maroc, élaboré alors qu’Alger et Abuja ont tout finalisé pour la concrétisation du Nigal, un gazoduc devant acheminer le gaz nigérian vers l’Europe via l’Algérie.