Y. C.-B.

S’il est admis que la communauté internationale doit agir pour atténuer les effets néfastes des changements climatiques, il est en revanche nécessaire pour le Continent africain d’adopter une stratégie d’action cohérente qui tienne tout aussi bien compte du droit au développement auquel aspire chacun des pays. C’est l’esprit de l’allocution du président de la République Abdelmadjid Tebbounbe concernant le rapport du comité des chefs d’Etat et de Gouvernement africains chargé du changement climatique. L’allocution dont les déclarations ont été reprises par l’APS a été lue samedi par le premier ministre Aïmene Benabderrahmane dans une intervention entrant dans le cadre des travaux du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA qui s’est tenu à Addis-Abeba (Ethiopie) les 18 et 19 février courant. «Loin de tout jugement de valeur sur la réussite ou pas de la Cop 27(Conférence des parties organisée par les Nations Unis, ndlr), nous devons comprendre la mutation stratégique visée par les pays développés, à savoir la restructuration du cadre international de l’action climatique loin des principes de Rio garantissant aux pays émergents leurs droit au développement». Pour rappel, la Cop 27 a eu lieu entre le 6 et le 18 novembre 2022 à Charm el Cheikh en Egypte et la prochaine, la Cop 28, est prévue entre le 30 novembre et le 12 décembre de cette année à Dubaï (Emirats arabes Unis). Les finances représentent une part importante dans les actions de lutte contre les changements climatiques et parmi les résolutions de la rencontre de Charm Echeikh, en plus de l’habituelle nécessité de limiter le réchauffement de la planète qui exige des engagements et des investissements financiers (l’Accord de Paris négocié lors de la Cop 21 en 2015 et ratifié plus tard), un point concerne un accord visant à financer les pertes et les dommages subis par les pays vulnérables durement touchés par les inondations, les sécheresses et autres catastrophes climatiques.
Financer les stratégies d’adaptation
Pour ce cas-là, lit-on sur le site de la Convention-cadre des nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), «un comité de transition formulera des recommandations sur la manière de rendre opérationnels les nouveaux accords de financement et le fonds, pour examen et adoption lors de la COP 28 et la première réunion devrait avoir lieu avant la fin du mois de mars 2023.» Les moyens en argent sont également nécessaires pour financer les stratégies d’adaptation à ces situations nouvelles engendrées par les bouleversements liés au climat. Ce qui est recommandé ici c’est d’accorder à ces deux questions la même importance lors du processus de négociation dans le cadre de l’accord-cadre. «Nous avons constaté que la vision des pays développés concernant les questions de doubler le financement pour l’adaptation et les pertes, implique une exclusion importante et réduit l’accès d’un grand nombre d’Etats africains au financement », a souligné le chef de l’Etat pour qui, selon la même source, «si nous avons entrepris à l’échelle continentale la création d’un mécanisme africain de protection contre les risques liés aux catastrophes et d’appui à la stratégie de l’adaptation pour accompagner les pays africains dans leurs efforts face à ces phénomènes, nous devons consentir les mêmes efforts pour assurer une prise en charge internationale efficace de ces deux priorités.» Le problème d’accès aux finances s’est déjà posé par le passé et c’est dans ce contexte que le Président de la République a rappelé, selon l’APS, «le manquement des partenaires du continent africain à leurs engagements financiers conformément à l’accord de Paris, alors qu’il est exigé des pays africains de supporter plus que leur capacité, ce qui risque de compromettre notre sécurité alimentaire et énergétique.»
Transition équitable
La transition, qu’elle énergétique ou plus généralement vers un développement durable, doit être équitable et le président de la République estime qu’elle doit aussi tenir compte des priorités de lutte contre la pauvreté car il s’agit aussi de garantir une vie digne pour les peuples. Les processus préconisés pour réussir cette transition peuvent ne pas être les mêmes partout et une harmonisation des exigences climatiques avec les impératifs de lutte contre la pauvreté dont souffrent beaucoup de populations en Afrique reste possible. «Nos pays soutiennent et œuvrent à accéder à des modes de production et de consommation durables sur la base de technologies et de techniques à faibles émissions mais, ajoute-t-il, il est important de maintenir un certain degré de rationalité pour garantir la concrétisation des objectifs du développement durable selon les capacités et les conditions de chaque pays et région.» Soulignant en conclusion l’importance cruciale qui doit être accordée à la préservation de l’unité de la communauté africaine, le Chef de l’Etat estime que «toutes les instances africaines chargées des questions environnementales doivent être regroupées dans un cadre unifié et intégrées dans notre organisation mère pour une organisation africaine unifiée et forte.»