H.Nassira

La Secrétaire générale chargée de la famille et la solidarité de l’Organisation nationale des enfants de la révolution (Bureau d’Oran), Mme Fatima Zohra Mekki, a considéré le tollé provoqué par la controverse suscité par le roman « Houaria », comme « absurde, et n’atteint en rien au statut ou à l’honneur des femmes algériennes, et plus particulièrement des oranaises. Nous ne préférons aucune région sur une autre. Nous sommes des Algériens, arabes et amazighs, libres et fiers de notre pays. » Tels ont été les propos tenus par Fatima Zohra Mekki, lors de la conférence historique, organisée hier au Musée du moudjahid, à l’occasion du 62e anniversaire de la fête de l’Indépendance et de la jeunesse. Lors de cette conférence, l’accent a surtout été mis sur des personnalités féminines, légendaires et proverbiales telles que Qaïda Halima, Setti Ould Kadi, Houaria Benslimane, ou encore Kheïra Bent Daoud Belkaïd, mettant en évidence, le rôle de la femme et son combat aux côtés de l’homme.

Pour une action humanitaire et la stabilité »

L’oratrice a ainsi appelé la patriotes à rester ferme et à perpétuer le message des ancêtres pour sauvegarder l’unité nationale, de s’éloigner de tout ce qui est séditieux, rappelant à l’assistance que la tenue de cette conférence historique est la meilleure preuve de cohésion nationale, de l’unité des enfants de l’Algérie, pour un destin commun et ce, à travers le travail caritatif et humanitaire pour l’édification d’une Algérie forte et stable, où règne paix sociale et prospérité économique. Abordant la question de l’agitation autour du roman « Houaria » du nom d’un personnage célèbre dans la région oranaise, symbole de toutes les femmes algériennes où quelles soient sans aucune distinction aucune « la fitna n’aura pas lieu, sous aucun couvert car, les femmes oranaises sont honorables et combattantes. » Pour la conférencière, le prénom de Houaria, « évoque aussi la mère, la sœur et la compagne qui a enseigné à tout le monde le sens de la vie et comment s’éloigner de la barbarie en ayant recours au respect mutuel ». L’oratrice a estimé qu’aborder ces prénoms de grandes femmes aujourd’hui, est une autre façon de leur rendre justice.

Un prochain documentaire sur Qaïda Halima

Pour sa part, le professeur Djillali Abdelkader, membre actif de l’Organisation des enfants de la famille révolutionnaire à Oran, a plaidé pour classer le personnage de Qaïda Halima en tant que patrimoine culturel immatériel, en se référant aux efforts des réalisateurs et metteurs en scène tels que Benamar Noureddine, dont la production d’un documentaire, a été entravée par sa maladie, ou encore, le réalisateur Gerald, dont l’œuvre produite, touche à sa fin. Qaïda Halima, a été la première femme arabe à appeler à l’égalité et à l’émancipation. Elle a rivalisé en son temps, avec des hommes de l’époque coloniale et ce, par défi. De son nom Ould Kadi Halima est née en 1855 d’autres sources mentionnent la date de 1859. Fille de l’historien bien connu, Benyoussef El Ziani, auteur du livre « Dalil El Hayran et anis EsSahran fi Akhbar Madinat Ouahran », l’un des plus importants ouvrages de l’histoire de la wilaya d’Oran. Il est une source essentielle pour la connaissance du passé d’Oran. Elevée dans un milieu conservateur, elle reçu une éducation religieuse. Elle épousa, pour la seconde fois, le fils d’un Qadi, juge et grand propriétaire terrien et de biens immobiliers mais mauvais gestionnaire. C’est à ce moment, qu’est apparue la rigueur, l’intelligence de la bonne femme. Elle s’engage alors à prendre en charge toute la gestion des biens. Son engagement et son savoir-faire dans les affaires a été déterminant pour les oranais de l’époque.
Après un courte période, elle augmenta la superficie de sa propriété à plus de 13.000 hectares, outre ses propriétés à El Amria (Aïn Témouchent). Des biens immobiliers ont été également construits sur des terres s’étendant sur plus de 3.500 m2 dont elle en a fait don, à ses compatriotes. Elle est l’une des premières à utiliser le « téléphone » pour le travail, en 1895. Très cultivée, elle était une femme ouverte d’esprit et dotée d’un sens aiguisé pour les affaires, ce qui lui a valu de représenter Oran et les oranaises à son époque. Elle possédait également une automobile avec chauffeur et travaillait à l’européenne, en côtoyant des industriels français et employant des ouvriers de souches française et espagnole. Le professeur Djillali Abdelkader évoquera à ce titre et indépendamment de la personnalité de Qaïda Halima, son rôle dans les actions humanitaires tel que sa prise en charge des orphelins et des pauvres avec ses propres deniers.

Appel pour classer la mosquée de la fille de Qaïda Halima

Au début du XXe siècle, entre les deux grandes guerres, Qaïda Hlima a joué un rôle prépondérant en venant en aide à ses compatriotes.
Elle bâtit la mosquée édifiée au quartier de la Nouvelle Ville « Ben Kabou » devenant ainsi, la première femme à construire une mosquée à Oran. L’appel lancé au cours de la conférence sur la personnalité de Qaïda Halima a été adressé aux autorités pour qu’elles classent cette mosquée comme un monument historique et relevant du patrimoine culturel de la ville. L’une des ses filles, Setti, appelée aussi Lalla Setti »a perpétué la tradition de la famille en continuant à lutter et à gérer les biens de ses parents. En 1938, elle choisit un groupe de pauvres et pris à sa charge les frais du pèlerinage d’une vingtaine d’oranais. Elle meurt le 22 octobre 1944, à l’âge avancé de 80 ans. En raison de ses relations avec les dirigeants et les chefs militaires de l’époque, elle fit don de plusieurs terres que compte l’actuel cimetière d’Aïn El Beïda et d’une terre agricole de 1.000 m2 à El Amria.
Au cours de la conférence, la vie d’autres héroïnes a été également mises en relief à l’instar de Bent Daouad Belkaïd.
L’un de ses fils, présent à la conférence, Ammar Sbia, l’un des orphelins du massacre du 8 Mai 1945, à Kherrata et Setif, fut adopté avec 35 autres enfants par la grande dame et ramené à Oran. BelKaïd Kheïra fut également un membre actif de l’organisation révolutionnaire.