Wassila. B

La fragile dynamique de rapprochement entre l’Algérie et la France a été brutalement et délibérément interrompue par l’arrestation, le 11 avril, d’un agent du consulat d’Algérie à Créteil, injustement accusé dans une affaire montée de toutes pièces par les sbires du ministre français de l’intérieur Bruno Retailleau liée à un prétendue affaire « d’enlèvement » qui remonte pourtant à 2024 du terroriste Amir Boukhors (dit Amir DZ), condamné en Algérie pour  des faits de terrorisme et d’escroquerie, et protégé par la France. Il est à rappeler que le tribunal criminel de Dar El Beida (Alger) a condamné, en mai 2023, par contumace, le terroriste Amir Boukhors à une peine de 20 ans de prison ferme avec confirmation du mandat d’arrêt international émis à leur encontre pour plusieurs chefs d’accusation criminels, notamment pour mise en place d’une organisation terroriste. L’accusé a été poursuivi pour mise en place et adhésion à une organisation terroriste, avec propagation d’idées d’une organisation terroriste via les technologies de l’information et de la communication et de publications attentatoires à l’intérêt national. Alors qu’Emmanuel Macron brille par son effacement explicable par le fait qu’il n’a aucun avenir politique, Bruno Retailleau, coopté par l’extrême droite dure pour « être le futur président français », fait monter la surenchère en tentant de torpiller un fragile processus d’apaisement entre l’Algérie et la France. Depuis l’appel téléphonique du 31 mars 2025 entre les présidents Macron et Tebboune, suivi de la visite à Alger du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot le 6 avril, les relations entre Paris et Alger semblaient s’engager sur une voie de décrispasion. Un accord bilatéral avait même été évoqué pour relancer les coopérations suspendues depuis huit mois, notamment sur les questions migratoires et économiques.

Alger dénonce une arrestation ostentatoire

En réaction, l’Algérie a annoncé, lundi 14 avril, l’expulsion de 12 agents français de son territoire sous 48 heures, tous rattachés au ministère de l’Intérieur dirigé par Bruno Retailleau. Alger dénonce une « arrestation spectaculaire et ostentatoire » menée « sans respect des immunités consulaires » et qualifiée de « procédé indigne » visant à « rabaisser l’Algérie ». Le ministère algérien des Affaires étrangères accuse explicitement Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur français, de porter « la responsabilité entière » de cette escalade, l’accusant de « barbouzeries » motivées par des « fins purement personnelles ».  Plusieurs sources, y compris en France, pointent le rôle controversé de Bruno Retailleau. Le député français Éric Coquerel (LFI) a affirmé à juste titre que cette arrestation, intervenant en pleine phase de réconciliation, est une manœuvre délibérée pour « saboter le processus d’apaisement ». Le timing choisi par Retailleau n’est, en effet, pas fortuit. Ses services du ministère de l’Intérieur, connus pour haine envers l’Algérie, exploitent une affaire judiciaire vieille d’un an pour relancer les tensions. Alger voit dans cette action un « calcul politicien » visant à torpiller les efforts diplomatiques récents. Pour le gouvernement algérien, cette arrestation symbolise une « violation flagrante des conventions internationales » et une provocation orchestrée par Retailleau, décrit comme un « fossoyeur des relations franco-algériennes ».  De son côté, Paris agite comme toujours le prétexte de « l’indépendance de la justice » qui ne convainc personne. Jean-Noël Barrot a répété à qui veut bien le croire que « les procédures judiciaires n’ont rien à voir avec la relation entre deux gouvernements », tout en menaçant de « mesures similaires » si l’expulsion des diplomates français était maintenue. Emmanuel Macron a qualifié la réponse algérienne de « disproportionnée ».  Hier, Jean-Noël Barrot, a réagi à cette annonce algérienne. « Si l’Algérie fait choix de l’escalade nous répondrons avec la plus grande fermeté », a-t-il dit sur France 2. De son côté, Gérald Darmanin, ministre français de la Justice, s’est aussi solidarisé avec Bruno Retailleau.