Djamila.M

La Dr Nassira Deroueche, spécialiste principale au service des urgences chirurgicales et médicales de l’hôpital de Canastel pour enfants, met en garde contre la montée inquiétante du « syndrome de l’écran » qui affecte de plus en plus les enfants, avec environ cinq nouveaux cas enregistrés chaque jour dans son service. Elle souligne que cette pathologie, liée à une surexposition précoce et excessive aux écrans (téléphones, télévisions, tablettes), engendre des troubles du langage et de la communication, dus principalement à l’absence d’interactions directes et vivantes entre l’enfant et son entourage familial.

 

En marge du colloque national tenu à la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Oran 2, sous le thème « Réalité de la santé de la mère et de l’enfant en Algérie : étude de terrain dans la région ouest », Dr Deroueche a expliqué que ce syndrome se manifeste par un retard de langage, une faible réactivité, un isolement social et des comportements proches de ceux observés dans le spectre autistique. « L’exposition aux écrans prive l’enfant de la stimulation auditive et visuelle essentielle à son développement linguistique, notamment durant la période critique entre 4 et 6 mois où se forme la conscience phonologique. Les sons répétitifs des écrans ne suffisent pas à stimuler les circuits cérébraux nécessaires à l’acquisition du langage, ce qui peut conduire à un arrêt complet de la parole entre 12 et 24 mois si l’enfant n’est pas encouragé à communiquer. » A-t-elle souligné.

La spécialiste insiste sur le fait que ce retard de langage est souvent détecté tardivement, généralement après l’âge de quatre ans, lorsque l’enfant entre à l’école, qui ne fait que révéler le problème sans pouvoir le traiter. Elle déplore le manque de sensibilisation dans les familles algériennes, ce qui, estime-t-elle, retarde les interventions précoces indispensables. Par ailleurs, elle précise que certains troubles du langage peuvent aussi résulter de lésions cérébrales légères, non détectées lors des examens médicaux, notamment au niveau du lobe frontal, responsable de la parole.

Pour la spécialiste, la responsabilité de prévenir ce phénomène ne repose pas uniquement sur les mères, mais sur l’ensemble de la famille et des institutions. Aussi, appelle-t- elle à intégrer la sensibilisation aux dangers des écrans dans les campagnes médiatiques et les programmes éducatifs, tout en soutenant les familles dans l’accompagnement de leurs enfants dès les premières années. Elle conclut en soulignant que le retard de langage doit être pris très au sérieux comme un signal d’alarme nécessitant un diagnostic et une prise en charge spécialisée rapide, afin d’éviter des conséquences graves sur la santé mentale, l’éducation et l’avenir des enfants dans la société