Meriem B
Les portes ouvertes organisées cette semaine par l’Office National des Aliments de Bétail (ONAB) à l’unité Bri-Mix Ouest de Oued Tlelat ont mis en lumière les défis majeurs qui secouent la filière avicole et celle des viandes blanches dans l’Ouest du pays. Entre les appels à une meilleure organisation de la chaîne et les doléances pressantes des éleveurs, le débat a révélé un secteur à la croisée des chemins.
Un plaidoyer pour structurer la filière
Dans son intervention, Bachir Telli, président de la commission de l’agriculture et du tourisme à l’APW d’Oran, a insisté sur « la nécessité d’un plan clair reliant éleveurs, abattoirs et distributeurs ». Il a plaidé pour la création de laboratoires d’analyses, l’installation de chambres froides et la mise en place d’une programmation rigoureuse des opérations d’abattage et de commercialisation, autant de mesures qui visent à stabiliser les prix du poulet et des viandes blanches.
Le directeur général de la société des abattoirs de l’Ouest a, pour sa part, tenu à rassurer l’assistance. « Toutes nos productions respectent les normes et la distribution se fait dans de bonnes conditions, notamment vers la wilaya de Mostaganem où nous avons renforcé notre présence », a-t-il affirmé.
Mais ces assurances n’ont pas suffi à apaiser les inquiétudes des éleveurs venus nombreux exprimer leurs difficultés.
Les cris d’alerte des éleveurs
Les témoignages des aviculteurs ont révélé une réalité économique tendue. Plusieurs d’entre eux ont dénoncé l’absence de facilités de paiement et le refus d’octroi de crédits. « Nous sommes contraints d’acheter au comptant alors que nos marges sont très réduites et que les coûts des intrants flambent », a déploré un éleveur de Oued Tlelat.
D’autres ont dénoncé l’interdiction inexpliquée de certains produits essentiels par les services commerciaux de l’ONAB, une mesure qui aggrave, selon eux, leurs difficultés.
Vers une réflexion sur le financement
Interpellé sur ce sujet sensible, le directeur général des abattoirs a reconnu que « le financement des petits éleveurs constitue la véritable faiblesse de la chaîne ». Il a toutefois laissé entrevoir des perspectives d’évolution en affirmant que « des formules de paiement échelonné pourraient être étudiées, à condition de disposer de mécanismes bancaires fiables et de garanties suffisantes ». Des contacts avec les partenaires institutionnels sont, selon lui, envisagés pour trouver une solution durable.
Un secteur en quête d’équilibre
Ces journées portes ouvertes ont ainsi joué un rôle de révélateur : d’un côté, une volonté affichée de moderniser et d’encadrer la filière ; de l’autre, une réalité quotidienne faite de charges lourdes et de contraintes financières qui fragilisent les producteurs.
Pour que la stratégie de régulation du marché puisse aboutir, une condition semble désormais incontournable : apporter une réponse claire à la question du financement, clé de voûte de la confiance entre éleveurs et institutions.