Djamila.M

 

Lors du récent colloque national hybride intitulé « Alphabétisation numérique et Université 4.0 : enjeux, défis et perspectives pour l’enseignement supérieur en Algérie », le Dr Mohamed Bellil, professeur de sciences politiques à l’Université d’Oran 2, a mis en lumière les mutations profondes que connaît l’université algérienne dans son virage vers la numérisation.

 

Selon le Dr Bellil, l’enseignement supérieur en Algérie s’inscrit désormais pleinement dans une dynamique de transformation numérique, portée par une politique nationale prioritaire. « La numérisation est devenue un levier essentiel pour moderniser les universités et améliorer la gestion des étudiants », a-t-il souligné, citant en exemple la mise en place d’un système d’inscription entièrement numérique, éliminant les démarches papier grâce à une coordination efficace entre le ministère de l’Enseignement supérieur et les directions de l’Éducation.

Cependant, ce virage technologique ne se fait pas sans défis. Le professeur a insisté sur la nécessité d’accompagner cette transition par une formation solide, afin d’éviter que la technologie ne prenne le pas sur la pédagogie. « La formation reste le cœur de la mission universitaire. La numérisation doit être un outil au service de l’enseignement, et non un substitut », a-t-il averti.

Un autre point préoccupant soulevé lors de son intervention est la montée de l’absentéisme chez les étudiants, qui touche désormais aussi bien les cours magistraux que les travaux pratiques. Le recours excessif à la technologie, parfois détournée pour justifier l’absence, menace la qualité de la formation. Pour y remédier, le Dr Bellil a appelé à former des étudiants autonomes, capables d’utiliser les outils numériques pour renforcer leurs compétences scientifiques plutôt que pour fuir les cours.

Il a également mis en garde contre une utilisation non maîtrisée des cours à distance, qui, s’ils sont un atout, peuvent devenir un prétexte au désengagement scolaire. « Il faut rationaliser ces outils dans un cadre pédagogique réfléchi », a-t-il insisté.  Enfin, le professeur a souligné l’importance d’un accompagnement structuré du projet d’université de quatrième génération, avec des programmes clairs, des objectifs temporels précis et des mécanismes d’évaluation rigoureux. « Sans évaluation, les initiatives restent inefficaces », a-t-il conclu, appelant à ce que les recommandations issues du colloque soient concrètes et applicables pour soutenir la transformation numérique des universités algériennes.

Cet événement, organisé par la faculté des langues étrangères d’Oran 2, s’inscrit dans une série d’initiatives visant à faire de la numérisation un axe central du développement académique en Algérie. Le Dr Bellil a rappelé que la réussite de cette transition exige un effort collectif pour équilibrer innovation technologique et excellence pédagogique, tout en surmontant les défis techniques et organisationnels.