Wassila. B

L’ancienne ministre française Ségolène Royal a vivement critiqué vendredi soir la stratégie du président Emmanuel Macron à l’égard de l’Algérie, dénonçant ce qu’elle considère comme une « diversion » destinée à occulter les difficultés intérieures que traverse le pays. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, l’ex-candidate à la présidentielle a reproché au chef de l’État de « ressortir la carte polémique avec l’Algérie » à chaque moment de tension politique interne. Selon elle, les récentes déclarations présidentielles sur les relations franco-algériennes interviennent alors que la France est frappée par des incendies ravageurs dans l’Aude, révélant de « graves négligences » dans l’équipement aérien de la sécurité civile et une « baisse énorme » de son budget. « À chaque fois qu’il faut faire diversion, on nous invite à regarder ailleurs », a écrit Mme Royal, accusant le gouvernement de ne pas assumer ses manquements dans la gestion des crises nationales. L’ancienne ministre a également alerté sur une « rentrée sociale à hauts risques » et le manque de mesures pour éviter une nouvelle flambée de tensions sociales, dans un pays déjà marqué par des mouvements de contestation persistants. Au cœur de sa critique figure également la désignation de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, pour piloter les relations diplomatiques avec Alger. Ségolène Royal juge ce choix « fondamentalement erroné », estimant que M. Retailleau, favorable à la loi de 2005 sur « les bienfaits de la colonisation » défendue par Nicolas Sarkozy, adopte des « postures destructrices » incompatibles avec un dialogue constructif. « On veut du sérieux, du maîtrisé, du respect et de la compétence », a insisté Mme Royal, soulignant que cette orientation diplomatique ne pourra « par définition » déboucher sur aucune solution. De son côté, le député des Algériens de France, Abdelouahab Yagoubi, a lui aussi réagi à la récente lettre d’Emmanuel Macron annonçant une série de mesures à l’encontre de l’Algérie, dont la suspension des visas de type D pour tous les demandeurs algériens. Pour l’élu, ces décisions « ne sont pas isolées » et s’inscrivent dans « un climat électoral » en vue des municipales de mars 2026 et de la présidentielle d’avril 2027, où « l’immigration et l’Algérie sont utilisées comme un fond de commerce de campagne électorale ». La vérité est plus crue : un pouvoir français affaibli sur le plan intérieur cherche à instrumentaliser le fonds de commerce anti-algérien, une posture de fermeté facile et non moins hypocrite. Le piètre ministre Retailleau, ouvertement candidat à la présidentielle, incarne cette ligne xénophobe. Le récit du « partenaire irresponsable » permet à Paris de masquer ses propres manquements et son mépris organisé du droit international. Les retombées sont déjà lourdes.