La France officielle gangrénée par la xénophobie

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Wassila. B

Les récentes mesures anti-algériennes décidées par le président Emmanuel Macron, et les propos nauséabonds qui les ont accompagnées, ont relancé les critiques contre le président français. Après Ségolène Royal, c’est Jean-Luc Mélenchon qui hausse le ton, dénonçant une politique faite de provocations inutiles et de nostalgies mal digérées. Le chef de La France Insoumise, dans un texte au vitriol, ne se contente pas de critiquer la forme ; il met en cause le fond même de la stratégie française envers l’Algérie. Selon lui, Emmanuel Macron et son ministre de l’Intérieur surfent sur un courant politique qui flatte les nostalgies coloniales et l’arabophobie. C’est un constat sévère, mais il soulève une question que la classe politique française évite trop souvent : à qui profite vraiment cette escalade ? Mélenchon rappelle une vérité historique inconfortable. Chaque crise bilatérale agit comme un révélateur : la France officielle peine encore à parler à l’Algérie autrement qu’à travers le prisme de son passé colonial. Or, cette incapacité à construire une relation apaisée condamne la France à reconsidérer son attitude arrogante et condescendante. Le risque, aujourd’hui, est double. Pour la France, c’est celui d’aliéner un partenaire stratégique en Méditerranée et de nourrir, sur son propre sol, un sentiment d’injustice chez des millions de citoyens d’origine algérienne. Si la France veut rompre avec ce cycle, elle devra enfin accepter que la relation avec l’Algérie ne peut être une revanche sur l’Histoire, mais un pacte d’avenir. Et cela suppose un courage politique rare. Jean-Luc Mélenchon emboîte ainsi le pas à l’ancienne ministre française Ségolène Royal qui a vivement critiqué la stratégie du président Emmanuel Macron à l’égard de l’Algérie, dénonçant ce qu’elle considère comme une « diversion » destinée à occulter les difficultés intérieures que traverse le pays. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, l’ex-candidate à la présidentielle a reproché au chef de l’État français de « ressortir la carte polémique avec l’Algérie » à chaque moment de tension politique interne. Selon elle, les récentes déclarations présidentielles sur les relations franco-algériennes interviennent alors que la France est frappée par des incendies ravageurs dans l’Aude, révélant de « graves négligences » dans l’équipement aérien de la sécurité civile et une « baisse énorme » de son budget. Ces attaques anti-algériennes ne sont pas isolées. Elles s’inscrivent dans un climat électoral en vue des municipales de mars 2026 et de la présidentielle d’avril 2027, où l’immigration et l’Algérie sont utilisées comme un fond de commerce de campagne électorale. Le pouvoir français tente de cacher son affaiblissement sur le plan intérieur et cherche à instrumentaliser le fonds de commerce anti-algérien, une posture de fermeté facile et non moins hypocrite. Le piètre ministre Retailleau, ouvertement candidat à la présidentielle, incarne cette ligne xénophobe. Le récit du « partenaire irresponsable » permet à Paris de masquer ses propres manquements et son mépris organisé du droit international.