N.H

Oran a renoué, jeudi soir, avec l’effervescence de son patrimoine musical. Le théâtre de verdure Hasni Chekroun, entièrement rempli pour l’occasion, a accueilli la soirée d’ouverture du Festival du Raï dans une atmosphère électrique. Des centaines de spectateurs, toutes générations confondues, se sont pressés dans les gradins pour chanter et danser au rythme des refrains populaires, tandis que les balcons dominant le front de mer, surplombants le théâtre, affichaient eux aussi complet. L’ambiance festive débordait jusque dans les rues avoisinantes, confirmant l’attachement indéfectible du public oranais à ce genre musical identitaire.

La soirée s’est ouverte sur une note de recueillement avec un vibrant hommage rendu au regretté Mohamed Bousmaha, ancien conservateur du festival. Un clip retraçant son parcours a été projeté, suivi d’une interprétation collective de la chanson Wafaa. Un moment de forte émotion, salué par de longs applaudissements, qui a rappelé l’importance de son engagement pour la défense et la valorisation du Raï à l’échelle nationale.

Après ce prologue empreint d’émotion, la fête a pris le dessus. Sur scène, le public a retrouvé des figures emblématiques et montantes du Raï : Nasro, le groupe El Basta, le jeune Hamidou et la chanteuse Manal Berazar ont enchaîné les performances dans une communion totale avec les spectateurs. Entre ballades nostalgiques et rythmes endiablés, les artistes ont offert un véritable voyage musical, ponctué par les refrains repris en chœur par un public visiblement avide de partage et de fête.

Et ce n’est qu’un début. Le programme de cette édition s’annonce riche avec la participation d’artistes attendus tels que Chazil, Hicham TGV, El Zahwaniya et Amin Babilon. Chacun d’eux promet d’apporter sa touche, entre authenticité et modernité, dans cette célébration d’un style musical profondément enraciné dans la mémoire populaire algérienne.

Parallèlement aux concerts, le festival a également misé sur la réflexion et le débat. À la maison de la culture Zeddour Ibrahim, une conférence intellectuelle dirigée par le professeur Mehdi Souiah a rassemblé plusieurs universitaires et chercheurs, parmi lesquels Rabah Sbaâ, Bouziane Ben Achour, Kouider Berkan, Mohamed Kali, Saliha Sinoussi et Mohamed Ben Ziane. Les échanges ont porté sur les origines, l’évolution et la place du Raï dans le paysage culturel contemporain, confirmant que cette musique n’est pas seulement un divertissement mais aussi un objet de recherche et de mémoire collective.

Entre ferveur populaire et réflexion académique, cette édition du Festival du Raï s’annonce comme un temps fort de l’été oranais. Le public, qui a répondu présent dès la première soirée, donne le ton : le Raï reste une musique vivante, capable de rassembler, d’émouvoir et de faire vibrer Oran comme à ses plus belles heures.