Zitouni Mustapha
La tension était arrivée à son extrême ces derniers jours à l’intérieur et autour des tribunaux d’Oran, le bras de fer qui oppose depuis quelques semaines déjà, les magistrats et leur syndicat au ministère de la justice n’est pas sans conséquences sur le justiciables des 14 wilayas qui dépendent du tribunal d’Oran. Des détenus en attente de leurs procès se retrouvent pris malgré eux dans cet engrenage politico- judiciaire qui ne semble pas trouver d’issue, chaque partie campant sur ses positions, dialoguant de loin par média interposés.
Complexe, tendue et pour l’heure inextricable, telle est la situation qui prévaut depuis plusieurs jours dans le cours de justice de tout le pays, depuis que les magistrats sont entrés en grève depuis dimanche dernier pour protester contre le mouvement des magistrats annoncé le 24 octobre dernier et qui a touché près de 3000 magistrats.
Des membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ont également soutenu la position du syndicat en assurant ne pas avoir joué le rôle qui leur est dévolu par la loi dans la gestion des carrières des magistrats. Le mouvement de grève des magistrats est fortement suivi avec des taux situés entre 96 et 98% selon les chiffres avancés par le SNM.Depuis le département de Belkacem Zeghmati se retrouve acculé, lui qui s’est avancé à effectuer ce changement de poste à près de 3000 magistrats et ne veut en aucune manière faire marche arrière, qui serait selon les observateurs, un camouflet pour le ministre de la justice, garde des sceaux. Les conséquences de ce bras de fer, sont vécues amèrement par les détenus et leurs familles qui se trouvent pris entre deux feux, leur procès étant tous été reportés. On se rappelle d’ailleurs le dernier fait enregistré au tribunal de la Cité Djamel à Oran, lorsque le père d’un détenu dont l’audition a été reportée est allé à une action extrême, celle de menacer de se suicider du haut du toit de l’édifice judiciaire. Selon certaines déclaration de magistrats d’Oran ayant été touchés par ce mouvement dicté par le département de Belkacem Zeghmati, faites au journal « Cap Ouest», ces dernier au nombre de 144 pour la wilaya d’Oran se disent pris dans un engrenage infernal, certains magistrats se sont déplacés pour leur installation aux nouveaux postes auxquels ils ont été affectés, sauf que selon eux, tous les bureaux sont toujours fermés et aucune installation n’a été effectuée malgré la présentation de leur décision d’affectation. Par ailleurs, on apprendra que même les commissariats seraient touchés par cette grève de magistrats, les personnes détenues ne pouvant être réceptionnés au niveau des tribunaux, pour être auditionnés ou pour d’autres mesures judiciaires. Parallèlement, les familles de détenus, lancent un appel au ministre de la justice pour trouver au plus vite, une solution à cette impasse dans laquelle se trouvent leurs enfants ou leurs proches détenus sans qu’il n’aient rien à voir avec les revendications des uns et les décisions des autres.
Dans son dernier communiqué, Le syndicat national des magistrats (SNM) a décidé, “en l’absence d’une solution à la crise” de poursuivre le mouvement de protestation avec la même force tout en appelant à un renforcement de la discipline pour faire face à toute dérapage “face aux mesures improvisées prises par le ministère de la justice”.
Dans ce communiqué rendu public samedi, le Syndicat national des magistrats s’étonne de la “position étrange et incompréhensible” des institutions de l’Etat qui restent dans la position du ”spectateur” alors que la grève ouverte porte sur une revendication fondamentale, celui de “l’indépendance de la justice”. La bataille menée les magistrats contre l’hégémonie du pouvoir exécutif n’est ni “corporatiste”, ni “intéressée”. “C’est une bataille menée par des gens honorables et libres” et loin des “étiquetages insidieux”. “Les magistrats ne sont pas une 3issaba (bande), ni des relais de la 3issaba”, ils sont les victimes de pratiques dont sont victimes les magistrats depuis des décennies. Rejetant les “leçons de nationalisme”, le SNM demande au ministère de la justice de cesser ses gestions “policière” de la crise car cela constitue une “provocation directe à la dignité des magistrats et à l’institution” et avertit que le syndicat n’est pas responsable des réactions que cela suscite.
Le SNM fait allusion aux tentatives menées à au niveau de plusieurs tribunaux d’installer les nouvelles personnes désignées dans le cadre du mouvement contesté des magistrats décidé le 24 octobre dernier.
Pour rappel aussi, plusieurs centaines de magistrats se sont rassemblés ce 31 octobre devant la Cour-suprême pour contester le mouvement dans le rang de la magistrature opéré la semaine dernière par le ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati. Les contestataires, qui ont répondu à l’appel au rassemblement par le Syndicat national des magistrats (SNM), estiment que ce changement qui a touché 2998 magistrats sur tout le territoire national n’a pas été validé par le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM). Les magistrats présents à ce sit-in fustigent le ministre de la justice Belkacem Zeghmati, qui selon eux “a commis une faute grave, qui condamne la liberté de la justice et participe à faire perdurer la corruption dans l’appareil judiciaire”. Les magistrats ont une nouvelle fois affirmé que le CSM n’a jamais validé l’opération contestée: “Nous sommes contre ce mouvement et nous ne l’avons jamais validé”, dénonce une magistrate. Le président du syndicat national des magistrats (SNM), Issaad Mabrouk, a déclaré lors de ce rassemblement, que des “solutions radicales” s’imposent d’elles-mêmes si aucun champ pour le dialogue avec la tutelle n’est ouvert.


















