Un tournant stratégique pour le commerce extérieur

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Wassila. B 

La création de l’organisme dédié à l’importation et de l’organe des exportations, marque une rupture majeure dans la régulation du commerce extérieur national. À travers cette réforme, l’Algérie opère un tournant stratégique attendu depuis longtemps, en tirant les leçons d’expériences passées, notamment l’Algex, dont la dissolution a été actée. L’ancien dispositif n’était plus adapté aux exigences d’un marché mondial en constante mutation, dominé par la diversification des exportations, la traçabilité des flux et la maîtrise des coûts. Les deux nouvelles structures viennent corriger ces insuffisances avec des missions claires et élargies. L’Organisme de l’importation sera chargé de mettre en œuvre la politique de l’État en matière de suivi et d’encadrement des importations, de contrôler les prix internationaux et de détecter les risques de monopole ou de pénurie. Il devra également assurer la traçabilité des marchandises importées et gérer un fichier national des importateurs. L’innovation réside dans la volonté d’encourager la création de centrales d’achats, capables de renforcer le pouvoir de négociation des opérateurs nationaux face aux fournisseurs étrangers. En réduisant les coûts et les délais, cette démarche devrait contribuer à sécuriser l’approvisionnement du pays tout en évitant les dérives spéculatives.

Du côté des exportations, la nouveauté majeure tient à la mise en place d’un guichet unique. Cette avancée met fin à un parcours administratif souvent dissuasif pour les opérateurs. Désormais, toutes les formalités liées à l’exportation pourront être accomplies dans un même lieu et dans des délais réduits, facilitant ainsi la promotion du label « Made in Algeria » et la conquête de nouveaux marchés. Sur le plan organisationnel, les deux organes obéissent à un schéma commun : chacun sera dirigé par un conseil d’orientation présidé par un représentant du ministère du Commerce extérieur, mais ouvert aux autres secteurs économiques. Cette collégialité est un signe fort : il ne s’agit plus de décisions verticales et isolées, mais d’un processus inclusif, associant l’État, les opérateurs et les partenaires institutionnels. En intégrant les acteurs économiques dans la concertation, ces conseils favorisent une meilleure réactivité et une transparence accrue.

L’ancrage numérique de ces deux organismes constitue également une étape décisive. Chaque structure sera dotée d’une plateforme digitale, interconnectée avec les systèmes d’information des administrations concernées. Cette dématérialisation réduira les délais, limitera les tracasseries bureaucratiques et placera le pays en phase avec les standards internationaux. L’Algérie se dote ainsi d’outils modernes pour réguler ses échanges extérieurs et accompagner ses ambitions économiques. Ces réformes ouvrent la voie à une régulation intelligente, tournée à la fois vers la protection du marché national et vers la conquête de nouvelles parts à l’international. Ce choix stratégique mérite d’être salué, car il redonne au commerce extérieur algérien une cohérence, une vision et surtout, une nouvelle crédibilité.