L’élan souverainiste de l’industrie énergétique

37

Wassila. B

L’Algérie vient d’affirmer, avec une clarté et une détermination nouvelles, sa volonté d’ancrer durablement sa souveraineté industrielle dans le secteur énergétique. Les autorités ont franchi un cap symbolique et stratégique : celui de l’ambition d’une réalisation « 100 % algérienne » des infrastructures énergétiques. Ce discours, désormais constant depuis 2021 dans les orientations du ministère de l’Énergie et des Mines et de Sonatrach, se traduit aujourd’hui en projets concrets, porteurs d’un nouvel élan industriel et technologique. Deux projets majeurs de pose de conduites de transport de gaz et de pétrole dans le sud du pays viennent d’être annoncés. Leur particularité ? Une exécution intégralement assurée par des équipes et des compétences nationales, sous la houlette de l’Entreprise nationale des canalisations (ENAC). Les travaux, qui incluent les études, la fourniture, la construction et la livraison, devront être menés dans un délai de trente mois. Ce défi, purement algérien, incarne une étape décisive dans la reconquête du savoir-faire technique et dans la consolidation des capacités d’ingénierie locales. Cette orientation ne relève pas d’un simple volontarisme politique : elle s’inscrit dans une stratégie cohérente de valorisation intégrale de la chaîne énergétique nationale, de l’extraction à la distribution. L’État a d’ailleurs annoncé un plan d’investissement massif de 60 milliards USD sur la période 2025-2029, dont près de 80 % seront consacrés à l’exploration, au transport et au traitement. Ces chiffres témoignent d’une vision : faire de l’énergie un moteur de développement souverain, soutenu par des compétences domestiques et des infrastructures conçues sur le sol national. Sonatrach, acteur central de cette transformation, pilote parallèlement un programme complémentaire de 7 milliards USD destiné à renforcer la capacité nationale de raffinage et de pétrochimie. Objectif : faire passer la part des hydrocarbures transformés localement de 32 % à 50 % d’ici 2030. Ce choix de l’intégration industrielle traduit une volonté claire : créer davantage de valeur ajoutée en Algérie, réduire la dépendance aux importations et diversifier les sources de revenus en s’appuyant sur les compétences du pays. Cette marche vers la souveraineté n’exclut pas, bien au contraire, la coopération internationale. Les récents accords conclus avec Jereh Oil & Gas Engineering, Eni ou Sinopec illustrent une approche équilibrée : celle d’un partenariat basé sur le transfert de technologie, l’apprentissage et la montée en puissance des capacités locales. Ces contrats, d’un montant cumulé de plus de 3 milliards USD, témoignent de l’ouverture maîtrisée de l’Algérie à ses partenaires, dans le respect de ses priorités stratégiques. À travers cette double dynamique,  affirmation industrielle interne et ouverture sélective à la coopération, l’Algérie redéfinit les contours de sa politique énergétique.