Wassila. B
Le 1er Novembre 1954 fut plus qu’un appel aux armes pour la décolonisation: ce fut une école de la dignité, du courage, et de la responsabilité envers la nation. Il a gravé dans notre mémoire collective une vérité intemporelle : la liberté ne s’obtient ni par la supplique ni par la chance, mais par la volonté et le sang. Soixante et onze ans se sont écoulés depuis que, dans la nuit du 1er novembre 1954, quelques détonations ont rompu le long silence imposé à la terre d’Algérie. Ce n’était pas seulement le fracas des armes : c’était un cri, un refus, un engagement. Cette nuit-là, un peuple debout a décidé d’arracher sa dignité à un système colonial fondé sur l’injustice, l’exclusion et la violence. Le 1er Novembre n’a pas été un commencement, mais une culmination, le point où cent trente-deux ans de résistances, d’humiliations, de spoliations et de massacres ont convergé en un seul élan de liberté. Derrière le feu des maquis, il y avait une idée. Simple, immense et lumineuse : une Algérie souveraine, juste et fraternelle, où les différences ne seraient plus des barrières, mais des richesses. Une Algérie qui ferait de l’égalité entre ses enfants, hommes et femmes, arabophones, amazighophones ou autres, la pierre angulaire de son avenir. Cette idée, forgée dans la douleur et nourrie de sacrifices, fut portée par une jeunesse lucide et courageuse. Dans l’ombre, le 23 octobre 1954, six hommes, Boudiaf, Ben M’hidi, Ben Boulaïd, Krim, Didouche et Bitat, ont osé donner forme à un rêve collectif : celui d’une nation libre, unie et digne. L’épreuve fut terrible. Des villages effacés de la carte, des familles anéanties, des martyrs par milliers. Mais à travers cette tragédie s’est forgée une citoyenneté nouvelle : celle d’un peuple qui découvre sa force dans l’unité et son honneur dans le sacrifice. Aujourd’hui, soixante et onze ans après, le 1er Novembre ne s’efface pas sous la poussière des commémorations. Il reste une flamme, un repère, une boussole morale. À l’heure où l’Algérie avance vers la modernité, affrontant ses défis économiques, sociaux et identitaires, l’esprit du 1er Novembre demeure un phare : il rappelle que notre unité est notre meilleure défense, et que notre diversité est notre plus grande richesse.
Rendre hommage aux héros de Novembre, ce n’est pas seulement fleurir leurs tombes ou évoquer leurs noms avec émotion. C’est poursuivre, dans le quotidien, leur idéal de justice et de fraternité. C’est construire, jour après jour, cette Algérie qu’ils ont rêvée : une Algérie souveraine et ouverte, où chaque citoyen, dans sa singularité, trouve sa place et sa dignité. Le 1er Novembre n’est pas un souvenir à honorer, mais un souffle à entretenir. Il vit encore, dans nos espoirs, dans nos luttes pacifiques, dans notre volonté de bâtir ensemble un avenir à la hauteur du sacrifice de nos aînés. Car cette nuit fondatrice ne s’est pas éteinte : elle continue d’éclairer notre marche vers la liberté, la justice et la fidélité à nous-mêmes.




















