La clairvoyance d’une Algérie maître de ses ressources

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Wassila. B 

Dans un contexte mondial d’incertitude énergétique, l’Algérie démontre une remarquable constance : celle d’un pays qui mise sur la raison plutôt que sur la précipitation, sur la connaissance de ses sous-sols plutôt que sur la surenchère de volumes. En maintenant sa production pétrolière autour du seuil symbolique d’un million de barils par jour, Alger trace une ligne de conduite claire : stabilité, souveraineté et optimisation durable de ses ressources. Cette approche n’est pas le fruit du hasard. Elle s’inscrit dans une vision stratégique que l’on pourrait qualifier d’« éclairée » : une politique énergétique fondée sur la valorisation de l’existant, la modernisation des outils d’exploration et l’ouverture sélective à des partenariats technologiques. Les récentes conventions signées par l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft) avec la société omanaise Petrogas E&P, lors du salon NAPEC 2025 à Oran, en sont une illustration exemplaire. Ces accords, qui concernent les bassins de Touggourt et Berkine, marquent un nouveau pas vers la redynamisation des zones dites « matures » de la production nationale. Ces deux bassins, véritables piliers de l’industrie pétrolière algérienne, continuent de livrer un potentiel considérable. À Touggourt, la production a progressé de 45 000 à 60 000 barils par jour grâce à la mise en service de nouveaux puits, fruit d’une politique d’investissement patient et méthodique. À Berkine, le partenariat entre Sonatrach, Occidental et Eni a permis de renouveler les perspectives d’exploitation : plus de 1,7 milliard de barils déjà extraits, et des découvertes continues de pétrole et de gaz qui attestent de la vitalité du sous-sol algérien. Là où d’autres pays multiplient les concessions dans une logique de court terme, l’Algérie choisit d’approfondir la connaissance de son territoire. Les études signées cette semaine ne sont pas de simples contrats : ce sont des instruments d’intelligence géologique, destinés à réévaluer les structures, les données sismiques et les réservoirs. Autrement dit, à investir dans la science avant d’investir dans le forage. Cette méthode, inscrite dans le cadre clair de la loi n° 19-13 de 2019 sur les hydrocarbures, garantit une exploitation maîtrisée, équilibrant souveraineté nationale et attractivité pour les investisseurs étrangers. Depuis 2022, Alnaft a multiplié les partenariats d’étude et d’évaluation sans engagement immédiat d’exploitation, privilégiant la réduction des risques et la transparence technique. Cette prudence n’est pas frilosité : c’est la marque d’un État stratège, conscient que la valeur du baril ne réside pas seulement dans son extraction, mais dans la gestion intelligente de son potentiel. Face à la transition énergétique mondiale, l’Algérie montre qu’il existe une voie médiane : celle d’un pays producteur qui assume pleinement son rôle dans la sécurité énergétique régionale, tout en préparant, pas à pas, l’avenir de ses ressources.