Djamila M
La wilaya d’Oran s’équipe pour mieux faire face aux troubles cognitifs liés au vieillissement. Ce matin, l’établissement hospitalier spécialisé en psychiatrie de Sidi Chahmi a inauguré officiellement la première unité de dépistage de la mémoire de la région, en présence du directeur de l’hôpital, de cadres de la Direction de la santé et de représentants de plusieurs structures sanitaires.
Cette nouvelle structure marque une étape déterminante dans l’amélioration de la prise en charge des personnes souffrant de troubles de la mémoire ou de maladies neurodégénératives, dont la prévalence ne cesse de progresser.
Selon le Pr Sarah Samra Benharat, cheffe du service hospitalo-universitaire de psychiatrie pour adultes, l’ouverture de cette unité constitue « une avancée majeure pour le diagnostic précoce des troubles cognitifs », notamment ceux annonciateurs de la maladie d’Alzheimer.
Elle rappelle qu’il s’agit de la première unité du genre à Oran, pensée pour offrir un repérage rapide des signes de déclin cognitif et améliorer le parcours de soins des patients.
Une première nationale par son approche multidisciplinaire
La responsable insiste sur le caractère inédit de l’unité : « C’est la première structure au niveau national à regrouper autant de spécialités au sein d’une même équipe dédiée au bilan mémoire. »
L’unité mobilise des psychiatres, des internistes et des neurologues, et sera prochainement renforcée par des spécialistes en neuropsychologie. Cette synergie répond à la nature complexe des troubles cognitifs, qui nécessitent une évaluation croisée pour établir un diagnostic précis et précoce.
Le choix d’implanter la structure dans le quartier du Plateau, à proximité du centre-ville, n’est pas anodin. Il répond à une logique de proximité pour faciliter l’accès des patients et éviter les déplacements vers des établissements éloignés. L’unité devient ainsi une référence régionale accessible aux habitants de toutes les communes de la wilaya.
La cérémonie d’inauguration a permis de présenter aux professionnels les missions et les modalités de fonctionnement de l’unité, notamment les circuits d’orientation des malades et la nature des examens proposés. Les intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de diagnostiquer tôt les premiers signes de déclin cognitif et de sensibiliser les familles, souvent démunies face aux troubles liés à l’âge.
L’ouverture de cette unité répond par ailleurs aux orientations du ministère de la Santé, qui encourage la création de structures spécialisées et la modernisation des dispositifs de prise en charge.
Elle permettra aussi de diminuer la pression sur les services de psychiatrie et de neurologie, jusque-là sollicités en l’absence d’un espace dédié aux troubles de la mémoire.
Les responsables prévoient déjà de moderniser les outils diagnostiques, d’enrichir les équipements techniques et de lancer des cycles de formation pour le personnel médical et paramédical. L’objectif : rendre les évaluations plus fines, améliorer l’accompagnement des familles et garantir une meilleure qualité de vie aux patients.
Plus de 80 patients déjà suivis… et un afflux en constante augmentation
Opérationnelle depuis mars 2025, l’unité accueille un nombre croissant de patients.
Le Pr Benharat révèle que plus de 80 cas ont été pris en charge en quelques mois seulement, un chiffre qui témoigne de la prise de conscience progressive de la population quant à l’importance du dépistage de la mémoire.
Le nombre de consultations ne cesse d’augmenter, sous l’effet d’une meilleure information du public. « Beaucoup de familles hésitaient par manque de connaissances sur la nature des troubles cognitifs », confie-t-elle. « Aujourd’hui, la population comprend mieux l’intérêt d’un diagnostic précoce, notamment pour les maladies dégénératives liées à l’âge. »
Les patients reçus présentent des profils variés : troubles légers de la mémoire, difficultés de concentration, déclin cognitif progressif ou encore stades avancés de la maladie d’Alzheimer.
Chaque cas bénéficie d’une évaluation complète comprenant tests psychologiques, bilans cognitifs, examens cliniques et, si nécessaire, analyses complémentaires permettant d’établir un diagnostic et de définir une stratégie de suivi sur mesure.
L’unité assure également un accompagnement continu des patients diagnostiqués grâce à un programme de consultations périodiques, destiné à surveiller l’évolution des troubles et ajuster les traitements.
Le Pr Benharat insiste sur la dimension humaine du dispositif : « Nous accompagnons aussi les familles, qui ont besoin d’outils et de conseils pour gérer ces situations au quotidien. » Un soutien indispensable pour réduire l’épuisement psychologique que ces pathologies peuvent engendrer.
Face à la hausse vertigineuse du nombre de cas, l’unité prévoit d’élargir ses capacités, de renforcer ses équipes et d’augmenter ses équipements.
Elle contribue déjà à réduire les déplacements vers les hôpitaux centraux et à alléger les charges qui pesaient sur les familles, grâce à un suivi de proximité.
Les responsables ambitionnent enfin de renforcer la coordination avec les médecins généralistes au niveau des structures de santé de proximité, afin d’orienter plus rapidement les patients dès les premiers signes de déclin. Des campagnes de sensibilisation ciblant les personnes âgées et leurs proches sont également programmées pour mieux faire connaître les maladies neurodégénératives et les moyens de prévention.



















