Djamila M
À Oran, le tourisme se révèle plus qu’un levier économique : il devient un véritable bouclier contre les fléaux sociaux et notamment la consommation de drogues. C’est ce qu’ont souligné les spécialistes réunis samedi lors de la troisième édition d’une journée d’étude organisée au siège de la mairie, sous le slogan « Tourisme sûr… société consciente », par les associations touristiques, avec le soutien de la Direction du tourisme et de l’artisanat et le parrainage du président du Conseil populaire communal.
Lors de son intervention, Hadji Elias, représentant de la Direction du tourisme et inspecteur en artisanat, a rappelé que la wilaya compte aujourd’hui 220 établissements hôteliers générant près de 15 000 emplois, principalement destinés aux jeunes. « Offrir un emploi stable constitue la première protection contre l’addiction », a-t-il affirmé. Selon lui, 100 nouveaux projets hôteliers sont attendus dans les cinq prochaines années, créant environ 5 000 postes supplémentaires. Avec plus de 22 000 artisans, le secteur touristique et artisanal d’Oran fournit ainsi près de 50 000 emplois durables, attirant les jeunes et réduisant leur exposition au vide social, porte d’entrée vers les drogues.
Les participants ont également insisté sur les facilités offertes par l’État pour soutenir l’investissement des jeunes dans le tourisme, notamment à travers des prêts et dispositifs d’accompagnement pour la création de projets.
La journée a réuni experts, universitaires et acteurs de la société civile pour échanger sur les moyens de transformer le tourisme en véritable outil de prévention. La docteure Iza Amal, maître-assistante en démographie à l’Université d’Oran 2, a souligné que l’intégration des jeunes dans des programmes touristiques, excursions et activités culturelles ou récréatives contribue à leur santé mentale, développe leurs compétences et occupe leur temps libre de façon constructive. Elle a présenté le tourisme comme un levier de développement capable de renforcer le sentiment d’appartenance et de réduire le risque de dépendance.
Les intervenants ont également plaidé pour la création d’une commission pluridisciplinaire au niveau local, puis national, incluant sociologues, psychologues, démographes et professionnels de la santé, ainsi que d’un centre de recherche dédié aux politiques de prévention. L’expérience internationale montre que le tourisme jeunesse, patrimonial et environnemental peut efficacement soutenir les stratégies de lutte contre les drogues.
La journée s’est conclue par une série de recommandations : mise en place d’une cellule d’écoute et de suivi des jeunes dépendants, implication de la société civile dans l’élaboration de programmes touristiques ciblés, et renforcement de la coordination entre les acteurs touristiques et les collectivités locales. Pour les participants, bâtir un tourisme sûr et conscient constitue une étape essentielle vers une société plus solidaire et résiliente.




















