La dégradation rapide de la sécurité alimentaire en République démocratique du Congo (RDC) place plus de quatre millions d’enfants de moins de cinq ans sous la menace de la malnutrition aiguë en raison de la persistance des conflits armés, des déplacements massifs de population et des conditions sanitaires durablement dégradées, selon les données du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).

Parmi ces enfants, plus de 1,3 million souffrent déjà de la forme de malnutrition la plus grave, qui engagent directement le pronostic vital, indiquant de nouvelles données de l’IPC, un groupe d’experts internationaux faisant autorité sur la question. La crise touche également les adultes les plus vulnérables. Environ 1,5 million de femmes enceintes ou allaitantes devraient souffrir de malnutrition et nécessiter un traitement sur la même période.

A l’échelle nationale, près de 25 millions de personnes, soit plus d’un cinquième de la population congolaise, connaît déjà des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. Trois territoires de l’Est : Djugu et Mambasa, en Ituri, et Masisi, au Nord-Kivu, ont récemment atteint un seuil d’urgence.

Les projections pour le premier semestre 2026 sont encore plus préoccupantes. “Cette situation, combinée à la réduction prévue de l’aide alimentaire humanitaire, expose les populations vulnérables à un risque accru d’insécurité alimentaire aiguë”, s’inquiètent les experts.

Cette dégradation humanitaire s’inscrit dans un contexte sécuritaire en pleine recomposition dans l’est du pays. Le groupe armé M23 a lancé ces derniers jours une nouvelle offensive dans la province du Sud-Kivu, s’emparant de plusieurs localités, dont Uvira, tombée le 9 décembre à l’issue de combats intenses.

Depuis le 8 décembre, les autorités locales estiment qu’environ 110 000 personnes ont fui vers d’autres zones de la province, tandis que des milliers d’autres ont franchi les frontières vers le Burundi, et, pour certaines, ont poursuivi leur route vers la Tanzanie. La plupart des familles déplacées s’abritent dans des espaces publics, sans accès régulier à l’aide humanitaire.