A l’occasion de la manifestation culturelle dite « mois du patrimoine », l’association culturelle Tebbana et le bureau de wilaya de l’Organisation algérienne pour la sécurité et la paix sociale, présidée respectivement par M. Chaib Mohamed et Mme. Bekadji Nawel ont rendu une visite de courtoisie à l’une des éminences dans l’histoire de l’Algérie contemporaine de par son dévouement et son intérêt, non seulement pour l’histoire locale de la ville d’Arzew et son passé historique enterré sous les vestiges de la séculaire ville romaine de Portus Magnus, également pour toute la mémoire et l’histoire de l’Algérie.
Entretien réalisé par : Linda Otsmane
Notre équipe avait accompagné les représentants de la société civile à l’occasion de la cérémonie d’hommage rendu à M. Douaidi Mustapha dans son domicile familial à l’entrée de la zone balnéaire du Cap Carbon où il a été honoré en récompense des efforts consentis dans la préservation de la mémoire collective. Accueillant et surtout ému par cet hommage, qu’il qualifie d’initiative appréciable car c’est la première fois qu’il est honoré par des citoyens d’Arzew, sa ville natale pour laquelle il s’est investi cœur et âme afin d’en faire une source d’inspiration pour les futurs travaux de recherche dans le domaine de l’histoire et de l’anthropologie. Ecoutons-le :
– Cap Ouest : Pouvez- vous nous présenter, de manière succincte, M. Douaidi Mustapha pour ceux qui vous ne connaissent pas ?
– M. Douaidi : En peu de mots, je vous dis que je suis ingénieur d’Etat en transport et travaux neufs, promotion 1977, j’ai passé la quasi – totalité de ma carrière au niveau de TRC/ RTO où j’ai commencé ma vie professionnelle comme ingénieur niveau 1, puis niveau 2, ensuite 3 et 4 avant d’être nommé ingénieur en chef. Par la suite j’ai été nommé chef des projets. J’ai occupé également le poste de directeur d’Engineering auprès du groupe pétrolier TGP au Pérou où j’ai participé à la réalisation avec succès de l’un des deux plus grands ouvrages du monde en matière de réalisation de pipe-lines pour alimenter la ville de Lima et livrer une unité de fractionnement pour le diesel, mazout et condensat pour commercialisation à l’Etranger. Après, j’ai un dossier d’émigration au Canada. Bien que ma demande ait été approuvée, j’ai accepté l’offre fait par l’Etat algérien qui m’a sollicité pour relancer des travaux stratégiques en souffrance.
– Cap Ouest : En ce qui concerne votre intérêt et vos recherches pertinents sur l’histoire de la ville d’Arzew quels sont les points de repères que vous avez répertorié pour développer vos approches scientifiques à ce propos ?
– M. Douaidi : le premier point qui est sans aucun doute le plus incontournable, est l’ancien commandement des romains qui avaient ouvert deux châteaux de Portus Magnus à Bethioua où la disponibilité de l’eau était un facteur promoteur de toute une civilisation, exprimant un dialecte associant à la fois le latin au punique. Après les trois tremblements de terre qui ont complètement détruit le site, les romains devaient orienter leur activités à caractère commercial et maritime vers la baie d’Arzew malgré la qualité de l’eau saumâtre en raison de sa situation protectrice des navires contre surtout ce que nous appelons « les tempêtes millénaires ». Un phénomène survenant à cause de vents très puissants causant la déflation et l’envol de sables dans les airs. Ensuite, le deuxième point marquant l’histoire locale a trait aux 5 portes créées pour le contrôle des personnes et la protection contre les dangers extérieurs sachant que les romains sont restés plus de 600 ans sur cette partie du pays. A ce sujet, j’attire votre attention que je suis un autodidacte et que mon profil d’historien est le résultat d’un travail long et minutieux mené avec beaucoup de passion dans ce domaine pour justement porter de l’aide aux futures générations voulant se spécialiser, ou bien présenter des thèses sur l’histoire d’Arzew.
– Cap Ouest : Comment avez-vous décroché le titre du meilleur collecteur et collectionneur d’objets d’art ?
– M. Douaidi : Dès l’âge de 10 ans, j’ai commencé à faire la collecte des timbres sous l’impulsion de mon défunt père. Maintenant, je suis devenu un collectionneur par excellence et je suis membre de cinq associations dont trois internationales, spécialisées dans différents créneaux culturels, scientifiques et sportifs. Avec les années, j’ai commencé à préparer mon propre musée dans lequel vous pouvez trouver des objets de différentes étapes de l’histoire, en commençant par l’entrée des musulmans à la Péninsule Ibérique sous le commandement de Tarek Ibn Ziad. D’ailleurs, j’ai un prototype de drapeau identique à la version originale que celui pris dans les « foutouhate » pour marquer le triomphe des troupes musulmanes contre les espagnols passant par la colonisation française en Algérie, la gouvernance de l’Emir Abdelkader jusqu’à l’indépendance. Toutes ces étapes sont illustrées par des affiches, des photos et cadres décoratifs mais qui sont à la fois symboliques et significatives.
– Cap Ouest : Votre dernier mot ?
– M. Douaidi : Je suis honoré de votre visite et de la considération dont je fais l’objet. En ce qui concerne Arzew, je souhaiterais la voir parmi les meilleures au monde et que sa valeur comme étant la métropole du tourisme moderne soit reconsidérée et ses vestiges soient pris en charge convenablement.