Y.C.-B.
Les assises de l’Agriculture organisées hier au Palais des nations se tiennent cette année sous le thème «Agriculture : pour une sécurité alimentaire durable» et c’est Abdelmadjid Tebboune qui a présidé la cérémonie d’ouverture en présence de hauts responsables de l’Etat et des membres du gouvernement. C’est pour montrer l’importance de ce secteur stratégique qui a réalisé des avancées certaines mais dont les objectifs ne sont pas encore entièrement atteints. Dans son allocution prononcée à l’occasion et reprise par plusieurs médias, le président de la République a mis en avant les résultats positifs réalisés ces dernières années et la contribution du secteur à la richesse nationale pour représenter aujourd’hui 14,7 % du PIB. Un secteur sur lequel on compte également pour s’affranchir de la dépendance vis-à-vis des recettes des hydrocarbures. «C’est indécent d’exporter du pétrole pour acheter de l’ail ou autre produit du genre», déplore-t-il. La sécurité alimentaire est considérée comme un véritable défi que les gouvernements placent à la tête de leurs stratégies et priorités. «Il y a eu un conflit en Europe et le monde a tremblé face au déséquilibre du marché de l’alimentation, cela doit nous servir de leçon ». Il est admis qu’il n’est pas possible d’atteindre une autosuffisance pour tous les produits agricoles mais on compte énormément sur la filière céréalière considérée comme la base du développement agricole notamment avec la rareté de ce produit à cause de la crise en Europe. «Même les pays producteurs ne sont pas à l’abri de problèmes liés à la rareté de certains produits », indique-t-il et c’est pour cela qu’il a été demandé d’augmenter la production et de travailler davantage pour «sauvegarder l’autonomie de nos décision et consolider notre souveraineté». Ce n’est pas tant la disponibilité des terres que le rendement à l’hectare qui est considéré comme étant faible pour le moment. Il faudrait indique-t-il atteindre entre 30 et 35 ha. «Nous ne sommes pas loin de l’autosuffisance alimentaire », estime néanmoins le chef de l’Etat qui assure que celle-ci deviendra effective à l’horizon 2025 avec en sus la résolution de tous les problèmes qui concernent le secteur dont notamment le foncier agricole. «Des solutions définitives » précise-t-il mettant en avant l’ambition d’atteindre 30% du PIB. Il pense ainsi qu’en exploitant les capacités existantes, on pourrait même envisager d’exporter les céréales. Il rappellera pour cela l’impératif de s’orienter vers la numérisation et les outils technologiques permettant une meilleure «maitrise des chiffres concernant autant la production que l’exploitation des terres agricoles et celles qui sont cultivées.» En insistant sur cet aspect des choses et la fiabilité des données que ces outils permettent, le but visé n’est pas relatif à la collecte des impôts mais pour mieux élaborer les stratégies de développement du secteur.
Avancées significatives
Le secteur a enregistré ces dernières années des avancés significatives dans le cadre de différents programmes et mesures incitatives dont celles engagées sur décision du président de la République à travers les mesures prises pour développer les filières stratégiques, la promotion de nouvelles filières et bien sûr l’accompagnement des agriculteurs en tant que premiers concernés. Les chiffres diffusés en prévision de ces assises démontrent l’intérêt accordé par l’Etat au secteur agricole. Les pouvoirs publics ont dégagé 130 milliards de DA entre 2021 et 2022 représentant diverses subventions pour encourager l’investissement agricole et la réalisation de projets divers. A ce titre, apprend-on, le taux de subvention des engrais est passé de 20% à 50%. Les efforts consentis ont permis une augmentation de 31% en valeur de la production de l’année 2022 par rapport à 2021 pour atteindre 4 550 milliards de DA (ce qui représente environ 35 milliards de dollars américains). La production des céréales est passée de 27, 6 millions de quintaux en 2021 à 41 millions de quintaux en 2022. Une augmentation en consentante évolution car les prévisions pour l’année 2025 font état de la production de 55 millions de quintaux avec une superficie qui atteindra 3,75 millions d’hectares.
Le développement agricole dans le Sud du pays est en soi une stratégie devant être rehaussée par l’exploitation de cultures stratégiques comme les oléagineux, le colza et le soja, etc. A ce propos, selon les chiffres repris par l’APS, l’objectif est d’atteindre 25% des besoins nationaux en huile de colza et 33% en maïs d’ici 2024.
Une superficie de 134 000 ha a été attribuée sous forme de concessions au profit de 140 investisseurs et un autre programme de 97 000 ha est en cours. Toujours dans le registre des objectifs à court terme, on apprend que les actions entreprises dans le domaine de la mobilisation des ressources en eau permettent l’irrigation de 500 000 ha et la prévision de la généralisation des systèmes économiseurs d’eau concerne 150 000 ha à l’horizon 2025. Pour le reste, on retient la filière légumes secs avec une production passée de 0,9 million quintaux en 2021 à 1,18 million quintaux en 2022 pour une valeur de 17 milliards de dinars (soi 19% d’augmentation). La filière pomme de terre a produit 44,2 millions de quintaux en 2022 pour une valeur de 287 milliards de dinars (43% d’augmentation). La filière animale enregistre une hausse de 31% dans la production de viande blanche comparée à 2021 et une hausse de 8% en viande rouge.
Modernisation nécessaire du secteur
L’énergie est un facteur pris en considération dans le programme de développement de l’agriculture et c’est ainsi, attestent d’autres sources, que 18 116 exploitations agricoles ont été raccordées à l’électricité l’an dernier pour un montant de 35,5 milliards de DA.
De manière général, Le taux de couverture des besoins nationaux est estimé à 75% par un secteur qui emploie 2,7 millions de personnes. Tout le monde s’accorde à dire qu’il n’ y a pas de raison pour que la production nationale ne puisse pas se hisser à un niveau plus élevé d’autant plus que, comme rappelé par le président de la République, l’Algérie dispose de beaucoup d’atout évoquant la disponibilité des terres mais aussi des moyens fruit d’investissements à l’instar des 87 barrages existants. «Aujourd’hui la force est du côté des nations qui ont une agriculture développée», a-t-il indiqué. Il insiste sur la numérisation car il sait que l’investissement dans les technologies avancées et la mécanisation sont nécessaires pour élever le taux de productivité sans lequel l’ambition de l’autosuffisance alimentaire ne sera pas possible. Une modernisation du secteur rendue également nécessaire à cause des changements climatiques qui constituent une menace pour les ressources en eau et par conséquent pour les rendements espérés. Les experts indiquent que les pratiques agricoles traditionnelles ne pourront pas suivre le rythme à l’échelle du pays. Le problème de l’organisation est un des problèmes évoqués par le chef de l’Etat et il en est ainsi du réseau de distribution. La production agricole est aussi intimement liée au développement de l’industrie agroalimentaire.



















