Meriem B
Les habitants d’Oran, comme dans plusieurs autres villes du pays, ont été durement frappés par une hausse spectaculaire des prix des produits alimentaires de base depuis la dernière semaine du mois de Ramadan. Si les prix des légumes et des fruits ont connu une augmentation considérable pendant les festivités de l’Aïd El Fitr, cette situation a démarré bien avant et continue de peser sur les finances des citoyens, en particulier ceux des quartiers du centre-ville tels que Sidi El Bachir (Plateaux), Gambetta, Haï Yaghmoracen (ex-Saint Pierre), Miramar et El Makari (ex-Saint Eugène).
Depuis la veille de la fête de l’Aïd, la pénurie de certains produits essentiels, notamment les légumes frais, s’est fait ressentir dans les marchés locaux. Les étals des marchés de Jean Kraft, de la rue des Aurès (La Bastille) et de la rue Maupa, fermés depuis plusieurs jours, ont aggravé la situation. Les Oranais, qui poursuivaient leur jeûne et se préparaient pour les festivités, ont constaté avec amertume l’absence de produits frais dans les étals, laissant les prix s’envoler.
Les prix des légumes, en particulier la pomme de terre, ont atteint des sommets vertigineux. Le kilogramme de pommes de terre s’est vendu à 200 DA dans plusieurs communes, un chiffre largement au-dessus des prix habituels. Mais ce n’est pas tout : le prix du poulet a franchi la barre des 480 DA, tandis que d’autres légumes comme les tomates, les choux-fleurs et les betteraves ont été proposés entre 150 et 160 DA le kilogramme. Cette hausse est allée de pair avec la flambée des prix du poisson, notamment le sardine, vendu entre 1 200 et 1 500 DA le kilo, une situation d’autant plus préoccupante que la qualité du poisson était médiocre en raison de son stockage prolongé.
Les citoyens, déjà éprouvés par les longues journées de jeûne et les dépenses du mois sacré et le l’Aïd El Fitr, ont exprimé leur frustration face à ces prix démesurés. « Ce n’est pas normal. Je ne peux même pas acheter de quoi préparer un repas pour ma famille pendant l’Aïd. C’est un coup dur », a déclaré un habitant du quartier Plateaux. Le mécontentement est d’autant plus vif que cette flambée intervient malgré les mesures annoncées par la Direction du Commerce, qui avait ordonné l’ouverture des marchés et magasins pendant les trois jours de l’Aïd. Pourtant, de nombreux bouchers et commerçants de produits frais ont préféré fermer leurs établissements, exploitant ainsi la pénurie pour gonfler les prix.
Certains commerçants justifient cette hausse par la faible disponibilité des produits et la forte demande. Cependant, cette explication ne satisfait pas les citoyens, qui accusent les spéculateurs d’aggraver la situation. Les contrôles de la Direction du Commerce, pourtant renforcés en période de fête, n’ont pas réussi à enrayer la spéculation. « Nous sommes laissés à la merci des commerçants, qui dictent leurs prix. Même avec les inspecteurs présents, rien ne change », déplore un autre habitant du centre-ville.
L’absence d’approvisionnement en légumes frais et la fermeture de plusieurs marchés locaux ont non seulement perturbé les habitudes de consommation des Oranais, mais ont aussi alimenté la méfiance envers les autorités. En dépit des mesures prises pour contrôler les prix et éviter l’accaparement, les hausses continuent, et la situation risque de persister encore plusieurs jours après la fête, selon certains commerçants.
Au-delà de l’aspect économique, cette situation pose de véritables questions sur l’efficacité des mécanismes de régulation et sur la capacité des autorités à faire face aux dérives des commerçants, notamment en période de fêtes où la demande est naturellement plus forte. Les citoyens, déçus par le manque d’action concrète, appellent à une régulation plus stricte des prix et à un meilleur approvisionnement des marchés en fruits et légumes, afin que les célébrations ne soient pas assombries par la spéculation et les abus.
Malgré les fermetures massives observées chez certains commerçants de produits frais, d’autres secteurs tels que la vente d’alimentation générale et les pharmacies et les boulangeries ont respecté scrupuleusement le système de permanence instauré pendant les trois jours de l’Aïd El Fitr. Les supermarchés et épiceries, pour la plupart, ont maintenu leurs portes ouvertes, offrant aux citoyens un accès continu aux produits essentiels, sans augmentation des prix. De même, les pharmacies ont assuré une couverture durant toute la période, garantissant ainsi que les habitants puissent se procurer les médicaments nécessaires, notamment pour les urgences. Cette organisation a permis à de nombreux Oranais de faire face aux besoins courants, même si la flambée des prix dans d’autres secteurs est venue ternir la fête.


















