Par H. Nassira
À Oran, la mort inquiétante de nombreux palmiers plantés dans les espaces urbains soulève des interrogations quant à l’adéquation des essences choisies face aux conditions climatiques locales.
Chérif Hilal, expert en aménagement des espaces verts, pointe du doigt des erreurs techniques lors de la plantation, mais aussi un choix d’espèces inadaptées au climat oranais.
Selon lui, les palmiers de la variété dite Washingtonia, très répandus dans la ville, ne permettent pas d’assurer un véritable couvert végétal. Ces arbres, au feuillage peu dense, offrent peu d’ombre et absorbent mal le dioxyde de carbone — deux fonctions pourtant essentielles dans un environnement urbain confronté à la pollution et à la sécheresse. Leur coût, estimé entre deux et trois millions de centimes l’unité, rend leur usage d’autant plus discutable, d’autant qu’un budget équivalent permettrait de planter une vingtaine d’arbres d’ombrage, plus durables et mieux adaptés.
Diplômé de l’Institut technologique du Jardin d’Essais d’El Hamma, Chérif Hilal recommande de privilégier des essences locales ou acclimatées, telles que le jacaranda, le grevillea, le tina, le phillyrea, le ficus ou encore le laurier-rose. Ces variétés, souvent moins coûteuses, résistent mieux à la chaleur, à la sécheresse et à la pollution urbaine. Elles offrent en outre un feuillage persistant et une floraison généreuse, notamment en été, contribuant à embellir durablement la ville sans subir l’usure rapide observée chez les palmiers.
L’expert cite également le neem ou margouzier, déjà cultivé dans le sud algérien et reconnu pour sa grande résistance à la sécheresse et aux fluctuations climatiques. Cette essence, dit-il, pourrait jouer un rôle clé dans la reforestation urbaine et la gestion durable des espaces verts à Oran.
Chérif Hilal insiste par ailleurs sur l’importance du savoir-faire technique dans les plantations : « Le succès d’un aménagement ne dépend pas uniquement du choix de l’espèce, mais aussi du respect des règles de base. Les plants doivent avoir des racines bien développées et protégées, les fosses être correctement préparées et arrosées, et la période de plantation choisie avec soin — idéalement en été plutôt qu’en hiver. »
Il déplore les erreurs fréquentes constatées sur le terrain, telles que l’utilisation de plants mal formés ou la taille des arbres en pleine floraison, des pratiques qui fragilisent les végétaux et accélèrent leur dépérissement.
Face à ces constats, l’expert appelle les autorités locales à repenser la politique de végétalisation urbaine, en favorisant les essences adaptées au climat et en renforçant la formation des agents techniques aux bonnes pratiques horticoles.
Une telle démarche, ajoute-t-il, permettrait non seulement de préserver les espaces verts, mais aussi d’améliorer la qualité de l’air, le confort thermique dans les quartiers et l’image environnementale de la ville.
Pour Chérif Hilal, l’enjeu dépasse la simple esthétique : « Il s’agit de concevoir une ville plus verte, durable et résiliente face aux changements climatiques, en misant sur des arbres capables de durer et d’apporter de véritables bénéfices écologiques. »


















