S Hadjar

Malgré les efforts déployés pour promouvoir l’assurance agricole, le taux de souscription parmi les agriculteurs et éleveurs reste désespérément bas. Seulement 1% des producteurs ont contracté une assurance pour leurs exploitations et cheptels, un chiffre alarmant compte tenu des risques auxquels ils sont exposés. Pourtant, le Fonds national de coopération agricole (FNCA) propose des produits d’assurance adaptés aux besoins des agriculteurs, couvrant une large gamme de risques naturels, à l’exception de la sécheresse, encore en étude depuis deux ans.

Des produits d’assurance sous-exploités

Les assurances couvrent aussi bien les cultures végétales, comme les arbres fruitiers et les cultures sous serres, que les élevages, prenant en charge les maladies et autres incidents. Ces produits offrent des facilités importantes aux agriculteurs, avec une prise en charge allant jusqu’à 80% des pertes. Par exemple, un éleveur assurant une vache pour 10.000 DA par an peut recevoir une compensation de 80% en cas de perte de l’animal. Malgré ces avantages, la méconnaissance des assurances reste un obstacle majeur. Le FNCA organise régulièrement des campagnes de sensibilisation et des journées d’études pour informer les agriculteurs sur l’importance de l’assurance. Toutefois, la « culture de l’assurance » semble encore absente parmi la majorité des professionnels du secteur agricole. Afin de pallier ce faible taux d’adhésion, le Fonds régional de coopération agricole d’Oran a ouvert trois nouveaux bureaux, notamment dans les zones rurales comme Hassi Bounif, portant le nombre total de ses bureaux à 11. Cette initiative vise à rapprocher les services des agriculteurs et à augmenter la part des assurés, actuellement fixée à 32%. Le but est d’atteindre une couverture plus large et de répondre à la stratégie nationale de protection du secteur agricole face aux risques naturels et économiques. Une autre avancée majeure dans le domaine des assurances agricoles est la création d’un nouveau produit d’assurance destiné aux travailleurs saisonniers. Ce produit, lancé par le FNCA, offre une couverture contre les accidents de travail pour les employés recrutés temporairement lors des campagnes agricoles. Avec une tarification adaptée, ce produit répond à un besoin crucial dans un secteur où les accidents peuvent être fréquents et lourds de conséquences.

Des partenariats stratégiques avec les banques

Le secteur bancaire, notamment la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR), joue également un rôle dans la commercialisation des assurances agricoles. Des accords ont été signés pour proposer divers produits d’assurance à travers son réseau. Ces produits incluent des garanties contre les incendies, les inondations, les tempêtes, ainsi que des assurances pour les équipements agricoles et les installations de stockage. Le manque de recours à l’assurance expose cependant de nombreuses exploitations à des pertes irréversibles en cas de catastrophes. Il devient urgent de renforcer les campagnes de sensibilisation et d’inciter les agriculteurs à s’assurer pour protéger leurs revenus et la stabilité du secteur agricole. Face à un contexte mondial de plus en plus incertain, où les crises climatiques et économiques menacent la sécurité alimentaire, l’assurance agricole représente une solution efficace mais largement sous-utilisée. Si les initiatives du FNCA et des banques témoignent d’une volonté de développer cette culture, le défi reste de convaincre les agriculteurs que l’assurance n’est pas une dépense superflue, mais une protection indispensable pour garantir la pérennité de leurs exploitations et la sécurité alimentaire du pays.