Nassira H

Les forêts d’Oran traversent une période délicate. Fragilisées par la prolifération de la scolyte, un insecte xylophage qui s’attaque notamment aux oliviers et aux pins affaiblis, elles ont perdu plusieurs hectares de couverture végétale. Selon les services de la Conservation des forêts, près de 45 000 m² d’arbres ont été gravement endommagés, nécessitant une intervention urgente pour enrayer la propagation de ce ravageur.

Une vaste campagne d’assainissement a ainsi été engagée pour retirer progressivement les arbres morts ou desséchés, avant leur remplacement par des espèces plus résistantes. Les autorités forestières ont écarté le pin d’Alep, jugé trop vulnérable, au profit d’essences mieux adaptées au climat local et plus résilientes face aux maladies : pin maritime, chêne, chêne-liège, eucalyptus et calycédrat figurent désormais parmi les espèces privilégiées.
Cette opération de régénération s’inscrit dans une nouvelle stratégie de gestion durable des espaces forestiers, après plusieurs alertes environnementales. La prolifération de la scolyte, aussi appelée « néron », a en effet été favorisée par la sécheresse et l’absence d’entretien régulier, notamment l’arrosage et le traitement préventif. Les experts environnementaux recommandent d’ailleurs la destruction mécanique et le brûlage des arbres infestés, combinés à des traitements insecticides ciblés.
Sur instruction du wali d’Oran, les services forestiers ont également engagé une campagne de débroussaillage et de retrait des arbres menaçant la sécurité publique. Les opérations ont déjà débuté sur plusieurs axes stratégiques, notamment la RN4 traversant la forêt d’El Karma, la RN11 reliant Gdyel à Sidi Bachir, ainsi que la route menant du mont Murdjadjo jusqu’à Beau-Rivage, à Aïn El-Turck. Ces interventions visent autant à préserver la sécurité qu’à préparer les sols au reboisement futur.
Selon la Conservation des forêts, les arbres endommagés ont été retirés sous la supervision des chefs de circonscriptions d’Oran et de Gdyel, et avec le suivi des responsables des subdivisions d’Oran et d’Arzew.
Par ailleurs, les arbres abattus conservent une valeur économique non négligeable, puisqu’ils sont recyclés en charbon de bois destiné à la restauration et à certains métiers artisanaux.
Toutefois, la reconstitution du patrimoine forestier d’Oran se heurte à des contraintes logistiques. La wilaya ne dispose pas de pépinières publiques capables de fournir les plants nécessaires. Pour y remédier, l’administration a engagé des partenariats avec les conservations des forêts de Mascara et de Saïda, ainsi qu’avec le Jardin d’Essais du Hamma à Alger, afin d’assurer l’approvisionnement en semences et jeunes plants.
Entre lutte biologique et efforts de reboisement, la wilaya d’Oran s’attelle à redonner vie à son couvert forestier, véritable poumon vert et espace de respiration pour la population.