Djamila M.
Le constat est sans appel : à Oran, la collecte des déchets demeure largement dominée par l’informel. La Direction de l’environnement de la wilaya n’a reçu que 11 demandes de licences pour l’exercice de cette activité, un chiffre qui traduit les difficultés rencontrées pour réguler un secteur aussi essentiel que sensible.
Entrée en vigueur en février 2025, la loi n°25-02, modifiant et complétant la loi de 2001 relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets, a pourtant introduit un nouveau cadre juridique destiné à structurer la filière. Ce texte définit les conditions d’exercice du métier et impose désormais la signature d’accords formels entre les collecteurs indépendants et les entreprises de recyclage ou de valorisation. Mais à ce jour, seules trois des demandes déposées remplissent les critères exigés.
C’est ce qu’a révélé Mme Aïcha Mansouri, inspectrice principale de l’environnement et cheffe du service de la sensibilisation et de l’éducation environnementale, lors d’une journée d’information consacrée à la régularisation des collecteurs informels, organisée récemment par la Direction de l’environnement d’Oran.
Un secteur encore dominé par l’informel
Derrière ces données se cache une réalité préoccupante : près de 75 % des acteurs de la collecte travaillent en dehors de tout cadre légal, selon les statistiques communiquées lors de la rencontre. Seuls 5 % disposent d’un agrément et 20 % d’un registre de commerce, traduisant un faible niveau d’intégration dans le tissu économique formel.
Pourtant, malgré cette situation, les collecteurs informels demeurent des acteurs clés du recyclage, puisqu’ils assurent l’approvisionnement de près des trois quarts du marché des matières récupérables. Leur contribution, bien que non encadrée, reste donc déterminante pour le fonctionnement de la filière et la valorisation des déchets.
Vers une mise en conformité progressive
Le nouveau dispositif impose désormais la conclusion d’au moins une convention entre chaque collecteur et une entreprise de recyclage avant toute délivrance de licence. Cette convention constitue, selon Mme Mansouri, « un gage de stabilité et de transparence », fixant les obligations réciproques entre les deux parties, notamment en matière de prix d’achat, de continuité de l’approvisionnement et de respect des normes environnementales.
Les participants à cette journée ont également pointé un obstacle récurrent : le manque d’espaces adaptés pour l’exercice du métier. Faute de sites dédiés, de nombreux opérateurs continuent de travailler dans des zones non autorisées, ce qui complique les efforts de contrôle et d’organisation.
Face à cette situation, la Direction de l’environnement assure qu’un travail de coordination est engagé avec les autorités locales afin d’identifier et d’aménager des sites répondant aux normes en vigueur. Le nouveau cadre législatif rend d’ailleurs obligatoire la mise à disposition de tels espaces par les collectivités locales.
La wilaya d’Oran entend ainsi tourner la page du désordre et de la précarité dans la gestion des déchets. En encourageant l’intégration progressive des collecteurs informels dans le circuit légal, les autorités espèrent poser les bases d’une filière plus organisée, plus équitable et plus respectueuse de l’environnement.