H. Nassira

Le professeur d’université analyste des médias et journaliste, Djilali Abbassa, a souligné, lors d’un entretien avec Cap Dz, en marge de la journée nationale de la presse coïncidant avec le 22 octobre de chaque année, l’importance des réformes menées par le secteur de l’information dans l’organisation de scène médiatique, à travers l’adoption d’un ensemble de mesures et procédures qui améliorent la performance des médias. Ces réformes ont consacré le droit des citoyens à une information impartiale et objective et les ont liés au droit du journaliste d’accéder aux sources pour informer le citoyen. Selon le professeur Abbassa, « des textes complémentaires doivent être rédigés expliquant comment ce droit est exercé afin d’obtenir un accès de base aux sources d’information.» Il a estimé que les lois adoptées dans le secteur des médias consacraient les principes de la liberté d’expression, mais ont rattaché cette liberté à la responsabilité des médias afin que ceux-ci ne soient pas hors de contrôle puisque que le journaliste était responsable envers la société et les coutumes. Aux dires du professeur, « un journaliste qui ne se conforme pas à la responsabilité journalistique perd son droit de revendiquer la liberté de la presse et d’expression. De même que ces lois garantissent au journaliste la protection de ses droits.» Toujours selon le même journaliste, la loi sur les médias garantit également un droit sensible, lié au droit de réponse et à la correction pour ceux qui sont touchés, en plus de mécanismes mis en place pour la presse écrite, électronique et audiovisuelle. Selon l’interlocuteur, ces réformes sont intervenues depuis l’adoption de la loi de 2023 visant à réglementer la profession du journaliste d’une part et à améliorer la pratique des médias d’autre part. Selon lui, la publication du code de l’information tend à réglementer la profession, toutefois, souligne-t-il, et en dépit de l’importance de sa promulgation, en contrepartie, aucun conseil de déontologie ni même de charte d’éthique professionnelle n’ont été créés en parallèle. L’universitaire reviendra sur ces réformes et leur pertinence, depuis l’adoption de la loi sur l’information en 1990, consacrée par l’ère du pluralisme des médias, adoptée à l’époque et jusqu’à la modification de la loi en 2012 et de la loi sur l’audiovisuel de 2014. « Ces lois n’ont pas eu l’effet escompté, bien qu’elles comportent de nombreux aspects positifs qui ne sont pas appliqués sur le terrain. Ce qui fait que le secteur de la presse souffre et est perturbé par des lacunes. La presse continue de subir des contradictions et des déviations qui ont grandement affecté sa crédibilité et la confiance du public »a-t-il souligné. Les participants à cette journée avaient soulevé la question de savoir si la presse ne faisaient pas sa part des choses d’une manière honnête, équilibrée, précise et inclusive, et ce, en raison du parti-pris par certains organes d’information, ce qui avait entraîné une dégradation complète de la performance et dont le secteur en souffre toujours. Pour les observateurs, la profession ne peut être exercée sans règles de déontologie et d’éthique, subordonnées à la création d’un haut conseil de déontologie de la profession.

« Un journaliste qui ne se conforme pas à la responsabilité journalistique perd son droit de revendiquer la liberté de la presse et d’expression. De même que ces lois garantissent au journaliste la protection de ses droits.»

Le Pr Djilali Abbassa, a déclaré que la presse célèbre en ce 22 octobre sa journée nationale. Une date qui tire sa symbolique du jour de la première parution du journal de la révolution nationale « El Moukaouama » (La Résistance). Selon notre interlocuteur, la presse doit toujours être une arme au service de la société et de la nation, face aux campagnes hostiles à notre pays. Dans son entretien avec Cap Dz, le professeur universitaire Abbassa Djillali a appelé les professionnels des médias à servir les intérêts de la Nation et à défendre sa stabilité et sa sécurité, particulièrement en cette conjoncture où l’Algérie est visée par des campagnes de désinformation et de déstabilisation visant à miner son unité et la cohésion de son peuple.

Le Conseil suprême de déontologie et d’éthique a un rôle majeur à jouer pour empêcher la presse de dévier

Le Professeur Djillali Abbassa, a mis en relief, le grand rôle que jouera le Conseil de la déontologie et l’éthique de la profession journalistique, suite à la publication au Journal officiel d’un décret présidentiel définissant son organisation et son fonctionnement. L’universitaire a précisé que ce Conseil est composé de 12 membres de compétences avérées dont la moitié est désignée par le Président de la République tandis que l’autre moitié est constituée des journalistes et d’éditeurs. Notre interlocuteur a ajouté que le Conseil a un rôle majeur dans la rationalisation des pratiques médiatiques et leur éloignement des dérives. Djilali Abbassa a également expliqué que le journaliste est tenu de respecter la Charte de l’éthique professionnelle et de déontologie, qui est ratifiée par le Conseil. Selon lui, l’éthique de la profession est un comportement exigé du journaliste par les responsables de publications. Toutefois, ajoute-t-il, l’éthique devient sans importance si elle n’est pas traduite sur le terrain de la réalité par la pratique lors de l’exercice de la profession. «Le journaliste, a une responsabilité envers le public et l’opinion publique», lance-t-il et de poursuivre : « les journalistes professionnels sont tenus de s’éloigner des fake news, d’utiliser des moyens illégaux pour obtenir des documents et des informations ou en falsifiant des faits, de se détourner des atteintes aux us et coutumes. Toutes ces pratiques inappropriées sont traitées par le Conseil d’éthique au motif qu’elles sont incompatibles avec la liberté de la presse. Tout un chacun est lié par des responsabilités envers la société et l’opinion publique. Aussi le mot d’ordre est impartialité, crédibilité et professionnalisme, ceci dans l’intérêt public et de la Nation.

« On ne peut parler de professionnalisme du journaliste sans sa formation »

Selon notre interlocuteur, il est essentiel que l’organe de presse employeur consacre une partie de son budget pour la formation de ses journalistes. Une formation, a-t-il souligné, doit être continue car, la pratique journalistique exige une évolution continue pour être au diapason des développements dans ce secteur. En réponse à une question sur les mesures prises avec la promulgation de la loi organique sur l’information ainsi que la loi sur la presse écrite, électronique et la loi sur l’activité audiovisuelle, le spécialiste a fait savoir, dans un entretien accordé à Cap Dz, que l’on doit s’interroger si ces lois ont atteint les objectifs de réglementation du secteur ou ce qu’elles suggèrent pour les réaliser est utile et que faut-il faire pour améliorer la performance du journalisme? Notre interlocuteur répondra en associant le développement du travail journalistique au professionnalisme. « Le professionnalisme ne peut être atteint qu’en s’appuyant sur la formation adéquate. » souligne-t-il. D’autre part, s’agissant des codes de la presse écrite, électronique et audiovisuelle, le professeur a estimé que dans le fond, ces lois introduisent beaucoup de facilitations en matière d’édition et de publications tels que le passage des accréditations à la simple déclaration et établissent les conditions d’éligibilité à l’expérience et au niveau universitaire, le tout pour assurer la qualité du produit médiatique. Par ailleurs, le même universitaire a relevé également que les deux lois consacrent le principe du multilatéralisme et ne permettent pas de positionnement financier, idéologique et politique en matière de publication. Le professeur notera que « les réformes actuelles imposent la diversité sur la base des convictions de nos sociétés, ce qui fait que les médias actuels exigent une diversité qualitative plutôt que quantitative », a-t-il relevé. Pour notre interlocuteur, ces lois promulguées ont consacré la création de l’Autorité de contrôle de la presse écrite et assurent la distribution de la presse à travers tout le pays afin de répondre au droit du citoyen à l’information. D’autre part, ajoute-t-il, le journalisme écrit promeut la liberté d’expression en attendant l’adoption d’une loi fondamentale définissant les exigences de la pratique des médias et les droits et devoirs découlant de la profession. « Ces lois protègent les journalistes de la violence et des pressions. Tout comme ces règlements qui régissent et déterminent les espaces publicitaires afin que les publications offrent des produits culturels et communautaires, en plus des principes qui doivent être consacrés à l’organisation plus crédible du secteur et à l’accès à la source d’information.