S Hadjar
Alors que le compte à rebours de l’Aïd El-Adha est lancé, les autorités multiplient les initiatives pour soulager les ménages. Dernière en date : le débarquement d’un nouveau convoi de moutons au port d’Oran, renforçant l’offensive nationale contre la cherté du bétail. Ce sixième lot, fort de 15 200 têtes ovines venues de Roumanie, illustre la stratégie volontariste adoptée par l’État pour stabiliser un marché fortement perturbé par la spéculation.
Face à l’inflation galopante des prix des béliers, signalée dans plusieurs régions, les pouvoirs publics ont opté pour une mesure de choc : l’ouverture maîtrisée des importations. Objectif affiché : casser la spirale spéculative et réintroduire des références tarifaires plus cohérentes. Fixé à 40 000 dinars, le prix plafond appliqué aux moutons importés tranche nettement avec les tarifs pratiqués sur les marchés locaux, souvent jugés excessifs.
« L’importation n’est pas une fin en soi, mais une réponse ciblée à une situation conjoncturelle », explique une source au sein de la direction des services agricoles d’Oran, qui a supervisé l’accueil de la cargaison. Aux côtés des services des douanes, des vétérinaires, des contrôleurs sanitaires et des forces de sécurité, la DSA a veillé à ce que les procédures de déchargement et de contrôle sanitaire soient exécutées avec rigueur. Tous les animaux ont été soumis à une inspection vétérinaire immédiate avant d’être transférés vers les points de vente agréés.
Depuis le lancement de cette campagne d’importation, des dizaines de milliers de moutons ont été acheminés depuis l’Espagne et la Roumanie, deux pays choisis pour leur conformité aux normes sanitaires exigées. Au-delà de la disponibilité, c’est toute une régulation du marché que l’État cherche à opérer par ce biais, en introduisant une concurrence directe qui pousse les éleveurs locaux à revoir leurs prix.
Et la cadence ne devrait pas faiblir. Selon des informations émanant du secteur agricole, de nouvelles arrivées sont prévues dans les prochains jours, avec une priorité donnée aux grandes agglomérations. L’enjeu est de taille : permettre à un maximum de citoyens de célébrer l’Aïd sans se ruiner, dans un contexte économique marqué par les pressions sur le pouvoir d’achat.
Enfin, cette campagne met aussi en lumière un défi structurel : celui de mieux encadrer la filière ovine nationale. Car si l’importation ponctuelle permet de corriger des déséquilibres à court terme, la pérennisation d’un marché équitable passe par une réforme en profondeur des circuits de distribution, de la production à la commercialisation. Pour l’heure, l’État joue la carte de la réactivité — en espérant que le sacrifice rituel ne devienne pas, lui, un luxe.