Issam Belkadrouci
Jeudi dernier, la salle de cinéma le Maghreb à Oran a accueilli la projection du court-métrage Tayara Safra (l’avion jaune), une œuvre poignante signée de la réalisatrice Hadjer Sebata. Ce film, d’une durée de 40 minutes, revisite une page méconnue de l’histoire algérienne à travers le regard d’une jeune femme, mêlant poésie, résistance et témoignage historique.
Une histoire oubliée remise en lumière
Le film raconte le parcours de Djamila, interprétée par Souhila Maalem, une jeune Algérienne qui cherche à comprendre les circonstances du décès de son frère Mustapha, victime d’un bombardement par un avion français jaune, devenu dans l’imaginaire collectif un symbole de la violence coloniale. Le personnage du père, incarné par Sid Ahmed Agoumi, illustre le dilemme d’un homme tiraillé entre la douleur de la perte et le soupçon d’une implication indirecte dans la tragédie, lui qui espérait voir son fils intégrer la police coloniale.
À travers cette quête personnelle, le film explore une transformation profonde : le chagrin se mue en conscience politique, la souffrance en engagement révolutionnaire. Le choix du prénom Djamila n’est pas anodin, évoquant l’icône de la révolution algérienne Djamila Bouhired, symbole de la force et de la détermination féminine dans la lutte pour l’indépendance. Djamila, comme tant d’autres femmes algériennes, refuse de rester simple spectatrice et rejoint les rangs des combattants pour la liberté.
Au-delà de la fiction, Tayara Safra s’appuie sur un fait réel qui a inspiré une chanson révolutionnaire écrite et chantée par Aïcha Labbaïdia, une femme aveugle de Bordj Bou Arreridj, en hommage à son frère Ibrahim, tombé en 1959 sous les bombardements de l’avion surnommé “T-6.”. Cette chanson, devenue un hymne populaire, sert de fil conducteur au film qui mêle habilement récit individuel et mémoire collective.
Redonner voix aux femmes oubliées
Avec ce court-métrage, Hadjar Sebata rend hommage aux femmes algériennes souvent effacées des grands récits historiques. Elle rappelle que ces femmes n’étaient pas seulement des victimes, mais des actrices essentielles de la révolution, porteuses de sa voix et de son esprit.
L’avion jaune est ainsi une œuvre forte et nécessaire, qui invite à revisiter l’histoire sous un angle féministe et à célébrer la résistance algérienne dans toute sa diversité.




















