Par Meriem B.

La 16ᵉ édition du Festival de la chanson oranaise s’ouvre à Oran sous le signe de la transmission. À travers des hommages aux grandes figures du genre et un concours dédié aux jeunes talents, l’événement entend préserver un héritage musical précieux tout en préparant son avenir.

Oran, berceau de la chanson populaire moderne algérienne, célèbre une nouvelle fois son patrimoine musical à travers la 16ᵉ édition du Festival de la chanson oranaise. Bien plus qu’un simple rendez-vous artistique, cette manifestation s’impose comme un acte de mémoire collective et un puissant vecteur de transmission intergénérationnelle.

À l’heure où les sonorités mondiales tendent à s’uniformiser, la chanson oranaise revendique fièrement ses racines, sa richesse mélodique et sa profondeur émotionnelle. Ce festival en est l’illustration éclatante.

Retour sur une soirée d’ouverture empreinte de ferveur populaire, de reconnaissance envers les maîtres du genre, et de promesses artistiques portées par une nouvelle génération d’interprètes.

Une ouverture empreinte de symboles

La 16ᵉ édition s’est ouverte mardi 22 juillet 2025, dans une ambiance chaleureuse mêlant nostalgie et renouveau. Dès les premières notes jouées par l’orchestre du festival, dirigé de main de maître par Khalil Baba-Ahmed, le public a été transporté dans l’univers de “El Bahia”, une œuvre instrumentale lumineuse dédiée à Oran.

Le coup d’envoi a été marqué par la présentation du générique officiel « Korrat Laâyene », œuvre emblématique du regretté géant Blaoui Houari, mise en musique sur un texte du poète Abdallah Tamouh, président du jury de cette édition. Un choix hautement symbolique, à la fois hommage et réaffirmation de l’ADN musical oranais.

Des hommages poignants aux icônes

Parmi les instants forts de cette première soirée : l’hommage vibrant rendu à Houari Mesbah, figure majeure de la chanson oranaise et ancien membre de l’orchestre de Blaoui Houari. L’émotion était palpable dans la salle du théâtre régional Abdelkader Alloula.

Un second hommage viendra clôturer le festival, cette fois à la mémoire du chanteur Moulay Abdennebi, autre pilier de cette tradition musicale. À travers ces gestes de reconnaissance, le festival honore ses racines, tout en ouvrant grand les bras à l’avenir.

Un tremplin pour la relève

Le programme de cette édition se veut riche, éclectique et fédérateur. Pas moins de 18 artistes confirmés se produiront sur scène au fil des soirées. En parallèle, un concours mettra en lumière huit jeunes talents — sélectionnés parmi 26 candidats lors des présélections — qui se confronteront dans une joute musicale placée sous le signe de l’excellence et de la bienveillance.

Encadrés par des professionnels aguerris, ces jeunes chanteurs porteront les espoirs d’un renouveau du genre, en alliant fidélité au style oranais et créativité contemporaine.

Entre meddahates et musique bedoui

La programmation réserve aussi une place importante à la diversité du patrimoine musical régional. Le public pourra découvrir des spectacles de meddahates, ces chants traditionnels portés par des troupes féminines, empreints de spiritualité et d’histoire.

Des prestations de musique bedoui, autre genre fondateur de l’identité musicale oranaise, viendront enrichir les soirées. Ce dialogue entre les formes anciennes et modernes de la musique traduit l’ambition du festival : embrasser toute la richesse de l’expression musicale oranaise.

Un pont entre générations

S’étalant sur cinq jours, ce rendez-vous artistique vise à préserver une mémoire musicale précieuse, tout en offrant aux jeunes interprètes l’occasion de s’exprimer et d’apporter leur touche au répertoire.

En rendant hommage aux maîtres et en valorisant les nouvelles voix, le festival démontre que la chanson oranaise est bien vivante. Elle respire dans les voix de la jeunesse, vibre dans les salles de concert, et fait battre le cœur d’une ville attachée à son identité.