Djamila.M
À l’approche des célébrations du Mawlid Ennabaoui l’hôpital universitaire 1er Novembre 1954 d’Oran fait état d’une baisse significative du nombre de cas d’accidents liés à l’utilisation des feux d’artifice et pétards. Selon la direction de l’établissement, seuls six blessés ont été recensés au cours des deux jours précédant les festivités, contre plus de trente cas lors des années précédentes. En effet, cette diminution encourageante traduit, selon les responsables de l’hôpital, l’efficacité des campagnes de sensibilisation menées avec rigueur par les autorités sanitaires et la mobilisation collective des équipes médicales, des forces de sécurité et des acteurs de la société civile.
Une réussite née de la prévention et de la coordination
Dans un contexte où ces célébrations sont souvent synonymes d’afflux massif de patients souffrant de brûlures, amputations ou blessures oculaires, le directeur de l’hôpital, M. Bar Rabah, se montre optimiste : « Le recul du nombre de cas est un signe évident que la sensibilisation commence à porter ses fruits. Toutefois, il ne s’agit pas d’un motif de relâchement. La vigilance reste indispensable, notamment auprès des parents qui doivent impérativement décourager leurs enfants d’utiliser ces engins extrêmement dangereux. » Il rappelle que ces blessures, bien que souvent qualifiées de « petites brûlures », représentent une véritable menace, pouvant entraîner des séquelles lourdes et irréversibles. Les six cas signalés comprennent des brûlures légères à modérées et des contusions liées à des explosions, un profil classique des accidents pyrotechniques.
Les efforts conjoints ; entre formation du personnel médical, intervention des forces de l’ordre et campagnes de communication ciblées ; ont contribué à un climat plus sécurisé. « L’objectif est que les festivités soient joyeuses, mais surtout responsables », insiste M. Bar Rabah.
Une préparation renforcée dans le service des urgences
Parallèlement, le service des urgences de l’hôpital a renforcé son dispositif. Le Dr Ali Yahiaoui, chef du service mobile d’urgences, souligne que les équipes ont été renforcées et le matériel d’urgence adapté pour répondre efficacement à tout incident durant la période des célébrations. « Nous avons mis en place un plan d’action spécifique incluant un accroissement des gardes médicales et un travail en coordination étroite avec les services spécialisés, en particulier la chirurgie des brûlures et l’ophtalmologie. Le profil des blessures attendues a été étudié afin d’améliorer notre prise en charge », explique-t-il.
En outre, le service analyse systématiquement les données des années précédentes, ce qui permet d’ajuster les protocoles d’intervention et d’affiner les formations des équipes. Cette dynamique d’amélioration continue s’appuie aussi sur les investissements importants réalisés depuis quelques années qui ont permis la modernisation et l’extension des infrastructures hospitalières. « Notre hôpital est plus qu’un établissement de soins ; il est devenu un véritable centre stratégique capable d’absorber les crises sanitaires et sociales induites par les grandes manifestations festives », affirme le Dr Yahiaoui.
Un appel solennel à la responsabilité collective
Malgré cette avancée, les responsables de l’hôpital appellent à ne pas relâcher la vigilance et à renforcer encore la prise de conscience collective quant aux dangers des feux d’artifice. « Ces engins ne sont pas de simples jouets, ce sont des armes qui peuvent détruire des vies. Nous les classons parmi les ‘jeux terroristes’ à cause du potentiel de dégâts qu’ils représentent », avertit le Dr Yahiaoui.
Les accidents graves des années précédentes incluent des pertes totales de la vue ou de l’audition, ainsi que des brûlures profondes et des déformations permanentes du visage et des membres supérieurs. Ces séquelles touchent souvent de jeunes enfants et adolescents, soulignant la nécessité d’une vigilance accrue de la part des familles.
Par ailleurs, une problématique sanitaire souvent négligée a aussi été soulignée par le service des urgences : l’excès alimentaire durant la fête, en particulier la consommation abusive de plats traditionnels lourds, semble provoquer chaque année un nombre non négligeable de troubles digestifs nécessitant une prise en charge médicale. Une sensibilisation nutritionnelle complémentaire pourrait ainsi contribuer à améliorer la santé globale des festivaliers.
Les autorités sanitaires souhaitent que le Mawlid Ennabaoui demeure un temps de paix, de joie et de spiritualité réelle, et non une source de douleur et de regrets. La sécurité de chacun dépend aussi des choix individuels et collectifs : « La première mesure simple est de renoncer à l’usage des pétards et feux d’artifice. La prévention est la clé pour sauver des vies », conclut le Dr Yahiaoui.