Sarah M – APS 

La 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF), organisée à Alger du 4 au 10 septembre, a placé les exportations algériennes sous les projecteurs. Véritable vitrine économique, l’événement a permis à de nombreuses entreprises publiques et privées de présenter leur savoir-faire et de nouer des partenariats stratégiques avec des opérateurs du continent.

Électronique, électricité, textile, cuir, verre, hygiène ou encore produits de base : les filières algériennes, longtemps concentrées sur le marché intérieur, s’affirment désormais sur la scène africaine. Portées par les réformes engagées en matière d’exportation et par les perspectives offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), elles cherchent à diversifier leurs débouchés et à s’imposer dans un environnement marqué par une forte demande.

De grands groupes comme Condor, Cevital ou Sidi Bendehiba côtoient des PME dynamiques et des start-up ambitieuses. Tous partagent la même conviction : l’Afrique est un marché « naturel » pour le made in Algeria, et l’IATF 2025 représente un tremplin pour transformer ce potentiel en contrats concrets.

Industrie et diversification : l’IATF, vitrine du made in Algeria

La participation algérienne à l’IATF 2025 illustre une volonté affirmée : hisser les produits nationaux au rang de références continentales. Plusieurs secteurs se distinguent par leur présence : électronique, électricité, cimenterie, textile et droguerie.

Pour les responsables rencontrés, les progrès réalisés en Algérie au cours des dernières années en matière de qualité, de normes et de capacités de production ouvrent de nouvelles perspectives. Les opérateurs estiment que le salon d’Alger constitue un point d’appui décisif pour valoriser ces atouts et positionner le label made in Algeria comme une alternative crédible aux importations extra-africaines.

La ZLECAf, qui facilite les échanges intra-continentaux, est perçue comme une opportunité majeure. En s’appuyant sur un marché en pleine croissance, les entreprises algériennes veulent non seulement conquérir de nouveaux espaces commerciaux, mais aussi contribuer à l’intégration économique africaine.

Énergie et électricité : GISB signe un contrat de 480 millions $

Parmi les acteurs les plus en vue de cette édition figure, le Groupe industriel Sidi Bendehiba (GISB), installé à Mostaganem depuis les années 1960. Spécialisé dans les produits électriques – câbles, transformateurs, lampes, prises, interrupteurs ou encore équipements pour énergies renouvelables – le groupe s’est progressivement imposé sur plusieurs marchés africains.

Aujourd’hui, les exportations représentent près de 10 % de son chiffre d’affaires. Une dynamique appelée à s’accélérer : en marge de l’IATF, le GISB a signé un contrat d’une valeur de 480 millions de dollars avec la société africaine Sogelux. Cet accord, centré sur les infrastructures énergétiques, ouvre la voie à un renforcement de la présence du groupe en Afrique de l’Ouest, notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Éthiopie.

Pour son vice-président, Mohamed Khelifa, le potentiel reste immense : « Le marché national tend à être saturé, mais le continent africain offre encore des marges de croissance considérables, surtout dans l’énergie. »

Électroménager et climatisation : Condor consolide sa percée africaine

Le géant algérien de l’électronique et de l’électroménager Condor mise lui aussi sur l’IATF pour accélérer son expansion. L’entreprise a présenté ses dernières innovations en matière de climatisation centrale, un créneau destiné aux grandes entreprises et aux administrations, qui suscite l’intérêt de nombreux visiteurs.

Son directeur général adjoint, Mohamed Salah Daas, a annoncé la signature imminente de six nouveaux contrats d’exportation vers l’Égypte, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie, pour un montant global supérieur à 50 millions de dollars. D’autres pays, comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, se sont également montrés intéressés.

Déjà bien implanté à l’international, Condor a réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires à l’export sur les trois dernières années. Avec ses nouveautés et un réseau de partenaires en pleine expansion, l’entreprise ambitionne de devenir un acteur incontournable sur le marché africain de l’électroménager.

Métallurgie et produits de base : BCR mise sur l’Afrique comme « marché naturel »

Pour l’Entreprise nationale de production de boulonnerie, coutellerie et robinetterie (BCR), l’Afrique représente une extension logique du marché domestique. Déjà présente en Mauritanie et en Tunisie, la société entend élargir sa présence à d’autres pays du continent.

« L’Afrique est un marché naturel pour nos produits », affirme son directeur marketing et export, Walid Begache. Grâce à la proximité géographique et à la complémentarité des besoins, les produits algériens trouvent facilement preneurs.

La stratégie de BCR consiste à participer davantage à des rendez-vous commerciaux internationaux et à multiplier les partenariats régionaux. Objectif : accroître sa compétitivité et imposer ses produits de base – boulonnerie, robinetterie et coutellerie – comme des références fiables et abordables pour les chantiers africains.

Textile et cuir : GETEX relance ses usines pour viser l’export

Le holding Textile et Cuir (GETEX) illustre la volonté de redynamiser des filières longtemps en difficulté. Engagé dans un vaste programme de modernisation et de réouverture d’unités publiques fermées, GETEX entend miser sur la qualité et l’innovation pour conquérir les marchés africains.

La gamme proposée – chaussures, maroquinerie, vêtements et tissus – répond déjà à d’importants besoins du marché national, notamment pour des géants comme Sonatrach et Sonelgaz. Mais l’ambition est désormais de franchir un cap.

Pour Mohamed Boukhit, directeur commercial du groupe, « l’exportation vers les marchés africains est prometteuse, à condition de s’adapter aux standards internationaux ». GETEX espère ainsi se repositionner comme un acteur compétitif, capable de rivaliser avec les grandes enseignes étrangères.

Verre et matériaux : MFG, la filiale de Cevital qui exporte 70 % de sa production

La Mediterranean Float Glass (MFG), filiale du groupe Cevital, occupe une place particulière dans le paysage industriel algérien. Spécialisée dans la fabrication de verre plat, elle se présente comme l’une des plus importantes enseignes du Maghreb et l’une des plus actives en Afrique.

Son complexe industriel de Larbaa (Blida) produit une large gamme de verres destinés à l’automobile, à la menuiserie et à l’électroménager. Fait notable : près de 70 % de la production est exportée, ce qui confère à l’entreprise une forte orientation internationale.

Pour Farid Yahi, chargé de communication, l’IATF est l’occasion de consolider cette position et de diversifier les débouchés. L’entreprise mise sur la croissance des secteurs de la construction et de l’automobile en Afrique pour renforcer son leadership.

Jeunes entreprises et hygiène : Perfect Max Industry cherche sa place en Afrique

Si les grandes entreprises occupent le devant de la scène, de jeunes sociétés profitent également de l’IATF pour se lancer à l’international. C’est le cas de Perfect Max Industry, basée à El Harrach (Alger), spécialisée dans la production de produits hygiéniques.

Selon sa directrice marketing, Asma Razibaouene, plusieurs clients africains ont déjà manifesté leur intérêt au cours de la Foire. Cette ouverture pourrait représenter un tournant décisif pour l’entreprise, qui aspire à s’imposer sur un marché en forte croissance, porté par l’augmentation démographique et l’évolution des habitudes de consommation.

Les opérateurs saluent par ailleurs l’amélioration des conditions logistiques d’acheminement des marchandises, fruit des efforts consentis par les autorités pour faciliter les exportations. Un point essentiel pour ces jeunes sociétés, qui misent sur la fluidité du commerce pour élargir leurs horizons.