Wassila. B

Lors du sommet du G20 qui s’est tenu à Johannesburg, l’Algérie a présenté un plaidoyer substantiel en faveur de l’effacement partiel de la dette des nations les plus pauvres. Le Président Abdelmadjid Tebboune a fait porter son message, ce samedi 22 novembre, par le Premier ministre Sifi Ghrieb, qui a lu sa déclaration devant l’assemblée des dirigeants des économies les plus puissantes.

D’emblée, le chef de l’État a lancé un avertissement sans ambages : les défis politiques et économiques mondiaux non résolus menacent directement la cohésion internationale, avec des conséquences pour tous les pays, sans distinction de leur niveau de développement. Il a énuméré une liste critique de périls : la pauvreté persistante, le chômage, les inégalités criantes, les disparités de développement, le changement climatique, les pénuries énergétiques, l’insécurité alimentaire et le niveau d’endettement sans précédent des pays à faible revenu. Face à cette situation, il a plaidé pour des plans et initiatives fondés sur une solidarité concrète, essentiels pour obtenir des résultats tangibles et répondre aux aspirations des populations, particulièrement celles des pays les plus pauvres qui fondent leurs espoirs sur une aide internationale.

L’urgence de l’action est d’autant plus pressante qu’à seulement cinq ans de l’échéance de 2030 fixée par les Nations Unies pour les Objectifs de Développement Durable, ceux-ci restent largement hors de portée, avec un constat accablant : seulement 12 % d’entre eux sont en voie d’être réalisés. L’Algérie a ainsi uni sa voix à celle de l’Afrique du Sud pour exiger une « attention particulière » envers le continent africain, arguant que l’amélioration des taux de développement en Afrique est inextricablement liée à la stabilité, à la paix et au progrès général.

Le Président Tebboune a ensuite explicité cette corrélation, soulignant que le développement est un frein à l’émigration vers les pays économiquement avancés et passe par la résolution des conflits qui secouent le continent. Pour étayer son propos, il a rappelé les engagements de l’Algérie, citant les « progrès considérables » accomplis par son pays sur les objectifs de l’ONU et son assistance continue aux nations du Sahel. Il a mis en avant le financement de projets de développement via l’Agence de développement international et l’initiative unilatérale d’annulation de la dette de 18 pays africains.

Parmi les priorités urgentes qu’il a soulignées figure le traitement du fardeau de la dette et de son service pour les pays en développement et les plus pauvres. Il a préconisé une approche innovante incluant soit l’annulation d’une partie de cette dette, soit sa conversion en investissements directs et productifs sur place. Le président a, de plus, appelé à une réforme profonde des institutions financières internationales, prônant une « approche économique et financière responsable ». Cette réforme implique une révision des mécanismes décisionnels pour assurer une « représentation équitable, juste et transparente » des pays en développement et de l’Afrique au sein des instances dirigeantes, tenant compte de leur poids démographique et économique croissant.

Il a également insisté sur la nécessité de mobiliser des financements internationaux et des ressources pour accompagner la transition des pays pauvres vers les énergies vertes et pour augmenter les fonds alloués à la prévention des risques majeurs et à la réponse rapide aux catastrophes. Enfin, Abdelmadjid Tebboune a pointé deux autres priorités : la lutte contre les flux financiers illicites en provenance d’Afrique et l’exigence d’une exploitation équitable des ressources minérales pour le développement des nations africaines. Sur ce dernier point, il a été catégorique : « Ces ressources se trouvent sur le sol africain et appartiennent avant tout aux Africains. »