À Oran, plus d’une centaine d’écoles primaires ont entamé la rentrée sans enseignants d’éducation physique. Faute de cadres spécialisés, des milliers d’élèves se voient privés de cours de sport, pourtant inscrits au programme officiel depuis la réforme de 2023.
Par Djamila M
Plus d’une centaine d’écoles primaires de la wilaya d’Oran connaissent, depuis la rentrée, une situation de vacance dans le poste d’enseignant d’éducation physique. Ce manque criant prive les élèves de toute activité sportive depuis plusieurs semaines, suscitant la colère des parents d’élèves et des enseignants, inquiets des conséquences de cette carence sur le bon déroulement de l’année scolaire.
Selon les témoignages recueillis par Cap Dz, la situation serait due à l’absence de solutions concrètes pour pourvoir ces postes, pourtant essentiels au programme éducatif.
Une situation jugée « inacceptable » par les syndicats
Intervenant sur la question, Djamel Ben Abed, membre du Syndicat algérien des travailleurs de l’éducation à Oran, a dénoncé une situation « inacceptable » qui nécessite, selon lui, « une intervention urgente des autorités concernées ». Il rappelle que la réglementation du secteur de l’éducation dispense les enseignants de langues — arabe et française — d’assurer les cours d’éducation physique, d’où la nécessité de recruter des professeurs spécialisés pour garantir un encadrement conforme au programme officiel.
« L’absence d’enseignants formés en éducation physique crée un vide difficile à combler et compromet le droit fondamental de l’enfant à pratiquer une activité sportive, indispensable à son équilibre physique et psychologique », a-t-il souligné.
Le représentant syndical a également précisé que la majorité des professeurs d’éducation physique à Oran sont des contractuels venus d’autres wilayas. Ces derniers se trouvent confrontés à une difficulté majeure : l’obligation de résider dans la wilaya, condition que beaucoup ne peuvent satisfaire faute de moyens de logement. Résultat : plusieurs postes sont restés inoccupés cette année.
Pour remédier à cette situation, le syndicat a proposé à la Direction de l’éducation une solution transitoire : permettre aux enseignants contractuels d’être hébergés à la cité olympique (ou “village méditerranéen”) moyennant un loyer symbolique, afin d’alléger leur charge financière et d’encourager leur maintien en poste.
Un enseignant pour deux écoles, en attendant mieux
Face à l’urgence, la Direction de l’éducation d’Oran a adopté une mesure provisoire : répartir un même enseignant d’éducation physique sur deux établissements, afin d’assurer un minimum de couverture. La durée des séances a, par ailleurs, été doublée, passant d’une heure à deux heures hebdomadaires, dans le but de compenser le manque d’effectifs.
Les responsables du secteur affirment vouloir « garantir le droit des élèves à la pratique sportive », partie intégrante du programme scolaire et facteur essentiel du développement harmonieux de l’enfant.
Une réforme saluée mais freinée sur le terrain
Pour rappel, le poste d’enseignant d’éducation physique dans le primaire a été créé à la suite du Conseil des ministres du 16 avril 2023, qui avait insisté sur la nécessité d’un encadrement spécialisé pour cette discipline. La décision, saluée par la communauté éducative, répondait à une revendication ancienne des diplômés des instituts d’éducation physique et des syndicats du secteur.
Mais si la mesure a été bien accueillie dans son principe, sa mise en œuvre se heurte encore à de nombreux obstacles : absence de logements, difficultés de déplacement, manque de coordination entre les services concernés… Autant de freins qui risquent de compromettre les objectifs de cette réforme ambitieuse.
Des écoles toujours dans l’attente
Dans plusieurs établissements, la situation demeure préoccupante. Les écoles Moudjahid Meziri Tayeb (Hassi Mefsoukh), Hafsaoui Ben Ziane (El Karma) et Brahimi Bachir (El Hassi) figurent parmi celles qui attendent toujours un enseignant d’éducation physique.
Parents et enseignants espèrent que des mesures rapides seront prises pour combler ce vide, restaurer un fonctionnement normal des cours et permettre enfin aux élèves d’exercer leur droit légitime à l’éducation sportive.