H. Nassira 

 

Pour la première fois, des établissements scolaires à Oran ont été contraints de recourir au système de la triple vacation, une mesure exceptionnelle révélée par le Directeur de l’Éducation lors de la troisième session ordinaire de l’Assemblée populaire de wilaya. Interpellé par les élus sur l’extension de la double puis de la triple vacation, il a expliqué que cette situation résulte directement d’un déficit structurel aigu en infrastructures, accentué par les retards accumulés dans la livraison des nouveaux établissements. 

 

24 établissements non livrés en 2025 : la carte scolaire déstabilisée 

 

Le Directeur de l’Éducation a reconnu que l’année 2025 a marqué un net recul dans la réception des infrastructures, contrastant fortement avec la dynamique positive enregistrée entre 2019 et 2024. Sur les 21 écoles primaires promises, seulement 10 ont été effectivement ouvertes. Sur les 14 collèges annoncés, 3 seulement ont été livrés. Quant aux lycées, 2 ont vu le jour au lieu des 4 prévus. Au total, 24 établissements n’ont pas été réceptionnés, alors qu’ils étaient attendus dès la rentrée précédente. Ce retard massif a bouleversé la répartition des élèves, obligé de nombreux établissements à fonctionner en surcharge et généré des niveaux de pression inédits dans certaines communes. Les élus de l’APW ont exprimé leur profond mécontentement, et le wali, après une analyse détaillée de la situation, a résumé le constat d’une phrase : « Nous sommes encore loin du niveau souhaité. »

 

Un déficit d’équipements et une pression quotidienne dans les établissements

 

Au-delà des retards de livraison, les anomalies relevées dans l’équipement des écoles ont suscité une vive inquiétude. Certains enseignants ne disposent même pas d’une chaise dans leur salle de classe, et la restauration scolaire ne couvre que 50 % des élèves, malgré les engagements pris pour améliorer ce service essentiel. Le pôle urbain Ahmed Zabana à Misserghine est le symbole de cette dégradation : classes surchargées, rotation permanente des groupes, manque criant de mobilier, absence de personnel suffisant… Les élus ont demandé une intervention rapide pour évaluer précisément la situation et engager des solutions concrètes.

 

À Misserghin, une collège inachevé réquisitionné pour accueillir des lycéens

 

Face à l’urgence, la direction a été contrainte d’ouvrir au pôle de Misserghine une collège encore en chantier, que le Directeur de l’Éducation a décrit comme une « structure à moitié terminée », mais qui a néanmoins dû accueillir des élèves du secondaire afin d’éviter la rupture des cours. Cette situation illustre de manière flagrante l’ampleur du déficit infrastructurel. Le Directeur a souligné que si les établissements prévus avaient été reçus à temps, il n’aurait pas été nécessaire d’adopter de telles mesures d’urgence. D’après les chiffres officiels, la livraison des infrastructures programmées — 23 groupes scolaires totalisant 237 classes et 13 064 places pédagogiques, 23 collèges offrant 16 300 places et 14 lycées correspondant à 13 800 places — aurait permis d’absorber la croissance démographique et de stabiliser l’ensemble du réseau éducatif d’Oran.

 

Le pôle Ahmed Zabana : un secteur en pleine expansion, mais sans infrastructures adéquates

 

Le pôle urbain Ahmed Zabana, qui regroupe aujourd’hui près de 40 000 habitants, est au cœur de la crise. Sa croissance accélérée n’a pas été accompagnée par une infrastructure éducative suffisante. La majorité des établissements qui y fonctionnent actuellement n’ont été livrés qu’entre 2021 et 2024, ce qui demeure insuffisant au regard de l’augmentation rapide de la population. En 2025, seule une école primaire et une moyenne — réaffectée aux lycéens — ont été réceptionnées, alors que le pôle comptabilise déjà 2 200 élèves au secondaire, 5 800 collégiens répartis dans seulement quatre collèges, soit environ 1 400 élèves par collège, en plus de 7 300 élèves scolarisés dans dix établissements. Ces chiffres témoignent d’un surpeuplement extrême, qui affecte directement la qualité de l’enseignement et le quotidien des élèves.

 

Six lycées non livrés : un blocage qui accentue la surcharge

 

Le Directeur de l’Éducation a également confirmé que six lycées prévus à Misserghine n’ont pas été livrés, créant un blocage majeur dans le cycle secondaire. L’absence de ces infrastructures essentielles se répercute sur l’ensemble des cycles : les collèges absorbent des élèves qu’ils ne devraient pas accueillir, les primaires fonctionnent en surcharge et les établissements existants se retrouvent contraints de multiplier les vacations. Le Directeur a affirmé que seule une livraison rapide et complète des projets en souffrance permettra de réduire la pression actuelle et de rétablir un fonctionnement normal : « Si les projets étaient réceptionnés à temps, la situation serait totalement différente. »