Sonatrach réalise une rentabilité en hausse

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Wassila. B

Dans le tumulte d’une économie mondiale où l’incertitude est devenue la seule constante, il est des indicateurs qui valent tous les discours. Le bilan 2024 du groupe Sonatrach, dévoilé ce lundi, ne doit pas être lu comme une simple colonne de chiffres, mais comme le révélateur d’une mutation profonde de la plus grande entreprise d’Afrique. Alors que les vents contraires soufflaient fort sur les marchés internationaux — avec un baril en recul et, surtout, un prix du gaz dévissant de 18 % — le vaisseau amiral de l’économie algérienne a non seulement tenu le cap, mais il a réussi un véritable tour de force : accroître sa rentabilité nette de 20 %.

Ce paradoxe apparent, entre un chiffre d’affaires à l’exportation qui se contracte sous l’effet mécanique de la conjoncture (-11 %, à 46 milliards de dollars) et un bénéfice net qui s’envole à 6,23 milliards de dollars, raconte une nouvelle histoire. Celle d’une compagnie qui ne se contente plus de subir la loi des marchés, mais qui apprend à la déjouer par une gestion rigoureuse et une optimisation structurelle.

Il fut un temps où les résultats de Sonatrach étaient exclusivement indexés sur l’humeur des bourses mondiales. 2024 prouve que cette époque est révolue. En parvenant à dégager plus de valeur ajoutée dans un environnement « moins favorable », le groupe démontre une agilité managériale inédite. La baisse de la fiscalité pétrolière versée à l’État, certes spectaculaire (-46 %), est un trompe-l’œil comptable, fruit de l’appréciation du dinar et des mécanismes de change, qui ne doit pas occulter la santé opérationnelle de fer de l’entreprise.

Car c’est bien sur le terrain, au cœur des gisements et des raffineries, que se joue la véritable souveraineté énergétique de l’Algérie. Et sur ce front, le bilan est sans appel. Avec une production maintenue à 193,7 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) et, surtout, la réalisation de 18 nouvelles découvertes en « effort propre », Sonatrach réaffirme son autonomie technologique et sa capacité à renouveler ses réserves sans dépendance excessive aux partenaires étrangers.

Plus significatif encore est le rôle de bouclier que joue la compagnie pour le marché national. Alors que la consommation interne d’énergie a bondi de 5 %,  signe indéniable d’une démographie dynamique et d’une économie qui tourne, Sonatrach a su répondre présent. Les records historiques de production de carburants (10,8 millions de tonnes de gasoil et 3,7 millions de tonnes d’essence) sont une victoire stratégique majeure. Ils garantissent non seulement la sécurité énergétique des ménages et des industries algériennes, mais nous prémunissent également contre la facture salée des importations de produits raffinés. En somme, le rapport 2024 nous dessine le portrait d’une Sonatrach résiliente, capable d’absorber le choc d’une demande intérieure croissante tout en maintenant sa position de fournisseur fiable sur la scène internationale. Si les recettes brutes ont baissé, la qualité de la performance, elle, s’est améliorée. Ce bilan est la preuve que le géant national a achevé sa mue : il n’est plus seulement un exportateur de brut, mais un groupe industriel intégré, piloté avec une vision qui privilégie la rentabilité durable à la course aux volumes. Dans un monde instable, cette solidité est notre meilleur atout.