Reportage réalisé par H. Nacera
Ce que vivent les habitants de la cité du Chahid Si Toufik à Sid El Houari, communément appelée Batimate Planteurs, aucun habitant des autres quartiers d’Oran ne le vit. La cité n’a jusqu’à présent bénéficié d’aucun programme de développement local, comme si elle n’existait pas alors qu’elle se trouve au cœur même d’Oran. Pas de gaz de ville, ni d’infrastructures de loisirs, et les rues sont dans un tel état de délabrement qu’on penserait qu’elles datent de l’ère coloniale. En somme, une cité oubliée de tous…
Depuis sa réalisation par le colonisateur français dans les années 58, cette vielle citée est dépourvue de toute structures de commodités à même de soulager la peine de ses habitants, un terrain de jeux pour ses enfants, ou de sports pour ses jeunes désœuvrés, pire encore, la collecte des déchets domestiques peine à être exécutée, en raison de l’état catastrophiques des rues et du refus souvent des agents de l’hygiène de s’y risquer, notamment en période hivernale. Propriété de l’OPGI d’Oran, cette cité qui abrite plus de 356 familles oranaises ne porte pas fortuitement le nom du martyr Si Toufik, mais bel et bien parce que ce Chahid est tombé sur le champ d’honneur au milieu de sa place. Aussi, ses habitants très fiers de ce legs historique et symbolique, tiennent jalousement à leur emplacement et s’y accrochent malgré les difficultés de la vie et les aléas de la main de l’homme et ce, pendant des décennies, sans qu’aucun responsable ne daigne se soucier de l’essor du quartier pourtant situé au cœur même de la commune d’Oran.
Les oubliés en appellent au wali d’Oran
En dépit des innombrables doléances auprès des différents responsables de la mairie d’Oran, et des promesses des élus quant à la prise en charge de leurs préoccupations, somme toute légitimes, les habitants de la cité si Toufik, après avoir éprouvé le malheur dans toute son étendue et bu jusqu’à la lie les mensonges des responsables quant à la réalisation d’infrastructures d’accompagnements, se voient contraints de porter leurs souffrances et désarrois au premier responsable de la wilaya à travers les colonnes de CapDZ, dans un ultime espoir de leur rendre justice et leur apporter un tant soit peu une lueur d’espoir afin de les sortir de cet isolement.
Plaintes des citoyens et des projets fictifs…
L’expression de la tragédie vécue nous a été rapportés par les habitants de la cité à commencer par la déperdition de leurs enfants en raison de l’absence d’installations de loisirs qui au mieux pourraient soulager leur détresse. Le quartier a été témoin par le passé de quelques tentatives de réhabilitations de l’aire de jeux pour enfants située près de la mosquée « El Feth ». En moins de deux ans, l’endroit avait complètement disparu et a été remplacé par une décharge publique et au milieu de la nature surplombée par le mont Murdjadjou. Les résidents déplorent le gaspillage des deniers publics pour un projet pour lequel aucun effort n’a été entrepris pour son entretien et sa sauvegarde. Ces derniers souhaitent vivement sa réhabilitation selon les normes recommandées avec installation d’un périmètre clôturé et l’éclairage public ce qui permettrait à leurs enfants d’y pratiquer des activités sportives et les sauver de la déperdition. Les résidents appellent aussi les responsables de la wilaya à daigner se rapprocher d’eux et de visiter le quartier le plus pauvre d’Oran.
Un quartier isolé, et le rêve d’avoir un stade de proximité et de voir les rues rénovées
Depuis des décennies, les rues dans ce quartier n’ont bénéficié d’aucune opération de bitumage. De l’avis des résidents, c’est parce qu’elles sont de seconde zone, et que les élus et responsables n’empruntent pas, ou peu, que pendant les périodes électorales pour les inonder de promesses sans remplir leurs engagements dès qu’ils accèdent aux postes. Une situation qui les a poussés à faire appel au wali d’Oran, afin de leur rendre justice au même titre que les autres quartiers d’Oran ou tout au moins écouter leurs doléances et prendre en charge leurs préoccupations à l’instar de la réhabilitation des routes (revêtements de rues), pour un accès sans difficultés au quartier et permettre aux camions des agents d’hygiène d’y accéder sans prendre de risques.
2024… Une année qui se profile sans la réalisation du raccordement au gaz de ville
Outre le fait que ces citoyens déplorent leur raccordement au gaz de ville alors qu’ils habitent en plein centre d’Oran, ces derniers perdent tout espoir de voir leur cité bénéficier d’un quelconque projet de développement local. Pour eux l’année 2024, n’apportera aucun changement à leur vécu. Et n’osent même pas à envisager l’idée même qu’on puisse un jour envisager de repeindre leur cité. Laquelle d’ailleurs, qu’on pourrait apercevoir de n’importe quelle direction en hauteur, que l’on soit sur le plateau du Murdjadjo, du petit santon, ou du camp Philipe, surplombant Ras El Ain. Pour l’œil du visiteur qui emprunte le téléphérique, pour accéder à Santa Cruz, la cité apparait comme un cimetière désolé. Mais ce qui blesse encore plus les résidents c’est l’absence du gaz de ville alors que le dispensaire EPSP des planteurs, tout proche d’eux, est par contre raccordé. Les citoyens et résidents de « Batimate Planteurs », ne perdent toutefois pas espoir que leurs complaintes soient entendues par un responsable imbu de justice et de droiture et soucieux du sort de ses compatriotes.



















