Djamila.M

Le président de la Cour constitutionnelle portugaise, José João Abrantes, a honoré de sa présence l’Université d’Oran 2 Mohamed Ben Ahmed, où il a donné une conférence majeure ce jeudi à la Faculté de droit et des sciences politiques. Cette visite s’inscrit dans le cadre du renforcement de la coopération scientifique et juridique entre l’Algérie et le Portugal, notamment dans les domaines du droit constitutionnel et des droits de l’homme.

Une reconnaissance de la solidarité algérienne

Lors de son intervention, M. Abrantes a salué la position historique de l’Algérie, qui a soutenu la lutte du peuple portugais contre le régime dictatorial. Il a qualifié ce soutien de « dette inoubliable » et a tenu à préciser que l’aide algérienne n’était pas dirigée contre le Portugal, mais en faveur de sa population aspirant à la liberté et à la justice.

Le professeur Ahmed Chaâlal, représentant l’université, a accueilli chaleureusement l’invité portugais, soulignant que cette rencontre marque le début d’un dialogue prometteur entre les sphères judiciaire et académique. Il a rappelé que les valeurs communes aux deux pays — primauté du droit, justice et démocratie — constituent un socle solide pour développer la coopération future, dans un contexte mondial en mutation.  Le choix de l’Université d’Oran 2 pour cet événement témoigne, selon lui, de la confiance des autorités et du rôle croissant de l’établissement dans la promotion des échanges scientifiques et juridiques à l’échelle internationale.

Partage d’expériences constitutionnelles

Le professeur Yelles Chaouch Bachir, membre de la commission de révision constitutionnelle de 2020 et de l’Autorité nationale pour la transparence et la lutte contre la corruption, a pour sa part mis en lumière l’importance de cette rencontre pour comparer l’expérience algérienne avec celles des pays avancés, notamment en matière de contrôle constitutionnel. Il a rappelé que l’Algérie est passée d’un contrôle préalable à un contrôle a posteriori de la constitutionnalité des lois, renforçant ainsi l’efficacité de ce mécanisme après la modification de l’article 6 de la Constitution. Il a affirmé que la comparaison avec les systèmes autrichien, espagnol et portugais permet de mieux situer l’Algérie dans ce domaine, tout comme il a estimé que l’apport de l’expérience vivante et directe du président de la Cour constitutionnelle lui-même offre aux participants une compréhension plus profonde des particularités du contrôle judiciaire au Portugal.

La gestion de la crise sanitaire par la Cour portugaise

La conférence a également porté sur la réponse de la Cour constitutionnelle portugaise face à la pandémie de Covid-19. La Cour a rendu une quarantaine de décisions, réparties en quatre catégories, évaluant la conformité des mesures sanitaires et exceptionnelles avec la Constitution.  Elle a notamment validé le durcissement des sanctions contre les violations du confinement (décision n° 352 de 2021), tout en rejetant certaines tentatives gouvernementales d’introduire de nouveaux crimes, jugées contraires au principe de légalité pénale (décision n° 921 de 2021).

Cette expérience a suscité un vif intérêt parmi les participants, illustrant comment la Cour a su concilier protection de la santé publique et respect des principes constitutionnels et de la séparation des pouvoirs.

Finalement cette visite prestigieuse illustre la dynamique nouvelle de l’Université d’Oran 2, qui s’affirme comme un acteur clé dans le dialogue juridique international et la formation des futures générations de juristes.