Voici pourquoi Macron s’attaque à l’Algérie

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Wassila. B

La France traverse une zone de turbulences économiques d’une rare intensité. Avec une dette publique dépassant les 3 230 milliards d’euros, soit 112 % du PIB, l’Hexagone se hisse parmi les pays les plus lourdement endettés de l’Union européenne. Ce fardeau n’est pas né d’hier : il est le fruit d’un endettement structurel vieux de cinquante ans, aggravé ces dernières années par les crises successives (énergétique et géopolitique) et par des choix budgétaires discutables. Rien qu’au second semestre 2024, 70 milliards d’euros se sont ajoutés à la facture, sans perspective claire de ralentissement. Derrière ces chiffres froids se cache une réalité brûlante : un État contraint. Endettement élevé signifie potentielle hausse des taux d’intérêt, tensions sur les marchés, perte de confiance des investisseurs et, en dernier ressort, le spectre d’une austérité impopulaire. En clair, un cocktail explosif pour tout gouvernement en quête de réélection ou de stabilité politique. Or, la situation est d’autant plus préoccupante que la France, malgré son poids économique, ne dispose plus du même crédit diplomatique et financier qu’auparavant au sein de l’Union européenne. Les marges de manœuvre se réduisent, et avec elles, la patience des français. C’est dans ce contexte que s’installe le soupçon : pour détourner l’attention de cette crise budgétaire profonde, l’exécutif français multiplie les signaux d’hostilité à l’égard de l’Algérie. Les dossiers bilatéraux se crispent, les déclarations polémiques se succèdent, et l’on assiste à une rhétorique sécuritaire et identitaire qui n’est pas sans rappeler celle de l’extrême droite, laquelle a réalisé une percée notable lors des derniers scrutins. Ces attaques verbales et symboliques, souvent habillées d’arguments sur la « souveraineté » ou le « contrôle des flux migratoires », servent surtout à polariser l’opinion et à occuper les débats. Ce choix n’est pas anodin. Dans une France où les fractures sociales et économiques sont béantes, il est politiquement tentant de fabriquer un adversaire extérieur ou de rejouer la carte migratoire comme écran de fumée. Les milliardaires possédant la majorité des grands médias hexagonaux, souvent proches du pouvoir, contribuent à amplifier ce cadrage narratif, donnant à l’agenda politique une tonalité où l’étranger devient l’explication commode des difficultés intérieures. Pendant ce temps, la dette enfle, les déficits se creusent, et les perspectives de croissance restent atones. La stratégie est claire : saturer l’espace médiatique avec des débats identitaires et des tensions diplomatiques, pendant que la crise de la dette s’enfonce dans les pages intérieures des journaux. Ce calcul cynique peut fonctionner sur le court terme, en détournant la colère populaire vers un autre objet que la politique économique menée depuis des années. À force de détourner le regard, on risque de découvrir, trop tard, que le mur de la dette n’a pas bougé. Et quand le choc aura lieu, aucune querelle diplomatique, aussi bruyante soit-elle, ne pourra servir d’amortisseur.