Wassila. B

La répression sanglante menée par les forces de l’ordre du Makhzen continue de choquer l’opinion publique au Maroc et au-delà. Jeudi, une troisième personne a succombé à ses blessures à Inzegan, dans le sud du pays, à la suite d’une violente intervention policière contre des manifestants pacifiques. Plusieurs autres citoyens ont été blessés, certains grièvement, dans ce qui est désormais perçu comme une escalade dramatique de la répression d’État.

Depuis plusieurs jours, la province d’Inzegan est devenue l’épicentre d’un mouvement de contestation sociale. Les manifestants, principalement des jeunes, descendent dans les rues pour réclamer justice sociale, lutte contre la corruption et réformes économiques urgentes. Mais leurs revendications légitimes se heurtent à une réponse brutale : matraques, arrestations massives, gaz lacrymogènes et usage disproportionné de la force.

Les autorités marocaines ont non seulement arrêté plusieurs manifestants, mais elles menacent également certains d’entre eux de lourdes peines de prison, allant de 20 ans à la réclusion à perpétuité. Pour de nombreuses ONG, ces poursuites relèvent de la criminalisation politique pure et simple, visant à étouffer la voix d’une jeunesse qui ose défier l’ordre établi. Des organisations locales et internationales de défense des droits humains ont condamné ces pratiques, dénonçant ce qu’elles qualifient de « crime politique parfait ».

La répression d’Inzegan intervient dans un contexte national marqué par l’aggravation de la pauvreté, la flambée du chômage et la dégradation des services publics essentiels. Ces conditions sociales, insoutenables pour une grande partie de la population, alimentent une colère croissante. Le mouvement de jeunes à l’origine des protestations avait pourtant insisté sur le caractère pacifique de ses actions. Mais loin d’ouvrir un dialogue, le régime a choisi de répondre par la violence.

Les images et vidéos diffusées par des médias locaux et des citoyens documentent l’usage violent de la force par les agents du Makhzen. On y voit des manifestants pacifiques frappés sans ménagement, des arrestations arbitraires et des scènes de chaos qui témoignent de la brutalité du dispositif répressif. La mort de trois manifestants en l’espace de deux jours, dont deux la veille, a provoqué une onde de choc. Sur les réseaux sociaux, de nombreux Marocains dénoncent un régime qui préfère écraser la contestation plutôt que d’affronter ses responsabilités politiques et économiques. À l’international, des voix s’élèvent également pour condamner la répression et exiger des enquêtes indépendantes sur les exactions commises à Inzegan. Cette tragédie met une fois de plus en lumière l’absence d’espaces démocratiques véritables au Maroc, où toute contestation populaire semble vouée à être écrasée dans le sang. Pour les observateurs, le régime du Makhzen tente par la terreur de dissuader l’élan de contestation qui monte dans plusieurs régions du pays. Mais la multiplication des victimes et l’indignation populaire pourraient au contraire nourrir un mouvement de résistance plus large et plus déterminé. À Inzegan, malgré le deuil et la peur, la population continue de réclamer ses droits fondamentaux : dignité, justice et liberté. Trois vies ont déjà été fauchées, mais leur sacrifice pourrait bien devenir un symbole de la lutte contre la répression et l’injustice au Maroc.