Wassila. B
La tribune du G20 à Johannesburg a accueilli un discours qui mérite d’être salué pour sa clairvoyance et son courage. Portant la voix de l’Algérie et, au-delà, celle d’un continent entier, le Président Abdelmadjid Tebboune a délivré un message qui dépasse le simple cadre diplomatique pour toucher à l’essence même de la solidarité internationale et de la justice économique. Son plaidoyer pour l’effacement partiel de la dette des nations les plus pauvres est un rappel urgent à la raison et à la responsabilité collective. Face à l’assemblée des pays les plus riches, le chef de l’État a posé un diagnostic implacable, et juste. Son avertissement est sans équivoque : dans un monde interconnecté, l’instabilité générée par la pauvreté, l’insécurité alimentaire et le fardeau de la dette n’est pas un problème circonscrit aux « pays du Sud » ; c’est une menace systémique pour la cohésion mondiale. Cette perspective, qui lie explicitement le développement des uns à la sécurité des autres, est une vérité trop souvent occultée dans les enceintes internationales. La dette n’est pas qu’un problème comptable ; c’est un frein politique au développement, un obstacle à la paix et un carburant pour les crises migratoires. La force de cette intervention réside dans sa cohérence et sa crédibilité. L’Algérie ne se contente pas de donner des leçons ; elle agit en cohérence avec ses principes. En rappelant son propre effort d’annulation de la dette de 18 pays africains et son soutien continu au Sahel, elle se présente en partenaire solidaire et crédible, dont les propositions sont fondées sur l’expérience et l’action concrète. Cette légitimité morale renforce considérablement le poids de son message. Les solutions avancées vont également bien au-delà des mesures palliatives. Proposer la conversion de la dette en investissements productifs est une approche innovante et intelligente qui transforme un passif en levier pour l’avenir. Exiger une réforme des institutions financières internationales pour une représentation plus équitable de l’Afrique n’est pas une demande symbolique, mais une condition sine qua non pour une gouvernance mondiale plus juste et plus efficace. Le continent ne peut plus être un spectateur dans des instances où son avenir se décide.
Enfin, l’affirmation selon laquelle les ressources africaines « appartiennent avant tout aux Africains » est un rappel salutaire et puissant. Dans un contexte de compétition mondiale pour les minerais critiques, cette déclaration réaffirme le principe de souveraineté permanente des États sur leurs richesses naturelles et appelle à un partenariat économique fondé sur l’équité, et non sur la prédation. Le discours du Président Tebboune a offert au G20 bien plus qu’un point de vue ; il a proposé une feuille de route pour une mondialisation plus humaine et plus stable. C’est un appel à passer d’une logique de créancier à une logique de partenaire. Les pays les plus puissants feraient bien de l’écouter, car dans l’interdépendance du XXIe siècle, la prospérité isolée est une illusion. La véritable sécurité naît de la justice économique, et c’est cette vérité que l’Algérie est venue porter à Johannesburg.




















