Wassila. B
Depuis son arrivée à la tête du ministère de l’Intérieur et des Transports, Saïd Sayoud s’impose comme une figure singulière du gouvernement. Direct, franc et proche du terrain, il rompt avec les usages convenus pour prôner une gouvernance d’action et de responsabilité. En tournée à travers le pays pour installer les nouveaux walis nommés par le président Abdelmadjid Tebboune, le ministre a multiplié les interventions marquantes, révélant un style à la fois rigoureux et profondément humain.
À Tipaza, devant un parterre d’élus, Saïd Sayoud a évoqué sans détour les dérives constatées dans certaines collectivités locales. Il a notamment relaté un épisode survenu lorsqu’il était wali d’Oran : « Un maire avait tout vendu, les terres appartenant à la commune. Je ne voulais pas l’envoyer en prison, il avait près de 70 ans, mais je l’ai rappelé à l’ordre à maintes reprises. » Malgré les avertissements et les preuves présentées lors d’une réunion de la commission sécuritaire, l’élu récidivait aussitôt. Une manière pour le ministre de rappeler la nécessité d’une éthique publique ferme et exemplaire.
Toujours à Oran, Sayoud raconte une autre scène qui illustre son sang-froid. Face à un citoyen virulent qui accusait des élus locaux, il l’a simplement mis au défi de citer des noms. « Il n’a pas pu en citer un seul, raconte le ministre avec calme. Ce jour-là, la vérité a parlé d’elle-même. » Une anecdote révélatrice du caractère du ministre : déterminé, mais toujours attaché à la vérité et au respect des faits.
Un ministre au contact du peuple
Lors de son passage à Tipaza, Saïd Sayoud n’a pas hésité à recadrer un maire distrait par son téléphone en pleine allocution : « Monsieur le président, si mon discours n’est pas important, sortez et prenez votre téléphone dehors », a-t-il lancé fermement. Fatigué, mais investi, il a ensuite rappelé aux élus qu’ils peuvent s’adresser directement à lui si leurs doléances ne trouvent pas d’écho auprès de leur wali : « Je suis à votre écoute. Si le wali ne trouve pas de solution, appelez-moi. Je parlerai avec lui. » Une approche directe, inédite dans la culture administrative algérienne, qui témoigne d’une volonté claire de replacer l’État au service du citoyen.
Abordant le problème récurrent des inondations, le ministre n’a pas mâché ses mots : « Quand 20 millimètres de pluie suffisent à inonder nos villes, nous ne sommes pas des héros avec nos bottes et nos capuches jaunes. » Par cette formule choc, Saïd Sayoud dénonce l’improvisation et le manque de coordination entre services. Il appelle à une culture de prévention et de responsabilité, loin des opérations de communication.
Fin septembre, le ministre avait déjà marqué les esprits en arpentant à pied les rues éventrées de Sidi Aïssa (M’sila) après les intempéries. Sans protocole ni cortège ostentatoire, il était venu constater les dégâts et dialoguer directement avec les habitants. Une image rare, mais fidèle à son credo : « servir d’abord, parler ensuite ». De Saïda à Oran, puis au ministère, Saïd Sayoud s’est forgé la réputation d’un homme de terrain, rigoureux et pragmatique. À la tête de ce portefeuille stratégique qui englobe désormais l’Intérieur et les Transports, il entend imposer une nouvelle culture administrative fondée sur la proximité, la transparence et le devoir d’exemplarité.




















