Wassila. B
Après avoir ouvert la voie au partenariat avec Bonifiche Ferraresi (BF) dans la production de blé dur et de légumineuses à Timimoune, au cœur du Sahara algérien, l’Algérie poursuit son offensive agricole. Cette fois, c’est le secteur laitier qui se trouve au centre d’un nouveau rapprochement avec l’Italie, puissance européenne reconnue pour son savoir-faire agroalimentaire.
Il y a une semaine, l’ambassadeur d’Algérie à Rome, Mohamed Khelifi, a effectué une visite de travail à la société Inalpi, fleuron italien de la transformation laitière, implanté à Moretta, dans la région du Piémont, aux pieds des Alpes.
Accompagné de Youcef Abbou, représentant du ministère algérien de l’Industrie, le diplomate a été reçu par Ambrogio Invernizzi, président d’Inalpi, entouré de son équipe dirigeante.
Au menu des discussions : un projet de coopération dans la production et l’approvisionnement en lait en poudre, produit de consommation de masse en Algérie, où le manque de chaînes de froid fiables favorise l’utilisation du lait reconstitué plutôt que du lait frais.
Selon un communiqué officiel, la rencontre a permis de jeter les bases d’un partenariat structurant, avec la perspective d’une visite d’une délégation d’Inalpi en Algérie dès décembre 2025. L’objectif : évaluer les conditions techniques, logistiques et économiques pour l’exportation de lait en poudre vers le marché algérien et, à terme, la création de capacités locales de production.
L’enjeu est de taille. L’Algérie débourse chaque année près de 600 millions de dollars pour importer du lait en poudre, un produit vital pour la consommation des ménages et les industries agroalimentaires. Face à cette dépendance, le gouvernement cherche à diversifier ses partenaires et à sécuriser ses approvisionnements, tout en accélérant la production nationale. L’intérêt manifesté par Inalpi intervient dans un contexte de recomposition du paysage agricole algérien, marqué par des investissements sans précédent dans les filières stratégiques.
En 2025, le pays a lancé la première tranche d’un projet géant d’élevage à Adrar, dans le sud-ouest du pays, en partenariat avec le groupe qatari Baladna. Ce complexe, qui comptera à terme 270 000 vaches, ambitionne de couvrir la moitié des besoins nationaux en poudre de lait, tout en produisant du blé dur et de la viande rouge. Un investissement colossal estimé à 3,5 milliards de dollars.
Avec la diversification de ses partenaires, du Qatar à l’Italie, l’Algérie dessine les contours d’une nouvelle diplomatie économique fondée sur la complémentarité. Dans le sillage du plan gouvernemental visant à moderniser le secteur agricole et à réduire la dépendance aux importations, ces partenariats traduisent une volonté claire : faire de l’agriculture non plus un simple maillon de sécurité alimentaire, mais un pilier de la souveraineté nationale.
L’alliance avec Inalpi, si elle se concrétise, permettra d’introduire un savoir-faire européen reconnu en matière de traçabilité, de qualité et de transformation laitière. Elle offrirait également aux producteurs algériens une opportunité d’intégrer des chaînes de valeur internationales, en phase avec les ambitions de relance économique du pays.
En diversifiant ses partenariats et en attirant de nouveaux investisseurs, l’Algérie consolide son cap : produire sur son sol ce qu’elle importe aujourd’hui.
Des sables du Sahara aux vallées du Piémont, une même ambition se dessine : bâtir une filière laitière résiliente, durable et compétitive, symbole d’un avenir agricole enfin souverain.




















