Boualem. Belhadri
Le grand aménagement d’épuration des eaux usées des localités des deux rives du fleuve de la Tafna qui a pour embouchure la plage de Rechgoun, a été présenté à Oulhaça à Ali Hamam ministre des ressources en eau. Ce projet a été proposé à l’inscription plusieurs fois. Et après un rapport explicatif, sur la situation qui y prévaut, adressé, ces derniers mois par les autorités compétentes de la wilaya et du secteur hydraulique, au ministère des ressources en eau (MRE), le projet a été retenu et individualisé. Au départ il était question de réaliser deux études distinctes, la première relative à l’épuration des eaux usées des localités de la rive gauche relevant de la daïra d’Oulhaça et la seconde destinée au traitement des eaux usées des localités de la rive droite relevant de la daïra de Benisaf. Au final il a été décidé de réaliser une seule station d’épuration pour un débit de point d’au moins 10 à 15 mille mètres cube jour à l’horizon projeté de la future station d’épuration dont la dépense publique pour la réalisation du projet s’élève à un milliard de dinars.
1 milliard DA pour réaliser la station d’épuration d’Oulhaça
Les eaux épurées seraient destinées à plusieurs fins dont les usages agricoles et probablement à des fins aquacoles si le système d’épuration était assez poussé comme c’est le cas de plusieurs villes d’outre-mer. Cependant le plus important est d’évacuer des eaux épurées répondant aux normes usuelles et qui n’auront aucune incidence sur le milieu récepteur, la mer, en termes de pollution marine. Et si les eaux domestiques canalisées vers la future station d’épuration seront épurées, il y en a qui ne le seront pas du fait que la région d’Oulhaça est composée de plus de 30 douars escarpés et peuplés par des populations allant de 600 à 2500 habitants. L’inconvénient de ne pas pouvoir raccorder tous les rejets des localités et douars épars est le fait de constater que le relief est très accidenté. Les pâtés de maisons allant de 20 à 50 habitants sont dotés de fosses septiques individuelles. Cependant il est bon de rappeler que des situations comme celles de la région d’Oulhaça existent en Algérie et partout ailleurs.
Les nouvelles tendances des décideurs optent pour les monoblocs d’épuration
Ces derniers temps les tendances des décideurs, dans les pays développés optent pour l’épuration des eaux usées à l’aide de mini stations collectives monoblocs qui sont assez pratiques et adaptables aux eaux usées des lotissements, villages, douars, bourgs, complexes hôteliers, casernes, industries et tous ensembles d’habitats non raccordées aux stations urbaines. Dans ce cadre précis, la station d’épuration est composée d’un container en polypropylène autoporteur divisé par cloisons qui délimitent les différentes zones techniques telles que le compartiment décanteur primaire, équipé d’un panier dégrilleur amovible, du réacteur biologique, d’un clarificateur avec un système air-lift de renvoi des boues en tête de station. En dehors de ce projet qui est structurant et qui nécessite un personnel qualifié disposant une maîtrise du système d’épuration et un savoir-faire avéré sur les plans techniques, maintenance et gestion, le problème de la pollution marine n’est pas écarté à ce niveau, car le gros problème réside dans les eaux de surface que draine la Tafna (bassin versant de 7245km2) jusqu’à l’embouchure à Rechgoun- plage. Ces eaux sont souvent suspectées présenter des traces de pollution en provenance des rejets urbains et industriels de plusieurs villes et usines situées de part et d’autre de l’oued, tout le long de son parcours.
La STEP d’Oulhaça ne résoudra pas la pollution marine générée par la Tafna
Les autorités qui ont songé inscrire la station d’épuration d’Oulhaça pour éliminer le déversement des rejets des eaux usées des villes et localités secondaires des deux daïras citées plus haut, n’ont pas tout à fait régler le problème de la pollution marine, car ce qui est rejeté dans la mer comme eau domestique à faible charge est insignifiant par rapport à ce qui est véhiculé par la Tafna en cas de pollution industrielle accidentelle assez récurrente, tout le long de l’année. La pollution marine à ce niveau reste entière et le problème n’est pas solutionné.
Le cadre de la pollution qu’acheminent les eaux de la Tafna est certainement au-dessus des capacités des responsables locaux et devait être pris en charge par les ministères des ressources en eau et de l’environnement et les énergies renouvelables.
Poursuivant sa visite, le ministre des ressources en eau, Ali Hamam a également visité la station d’épuration d’Ain Témouchent qui débite entre 11 et 13 mille mètres cubes d’eau par jour. Celle-ci, selon des informations crédibles, devait arriver à sa capacité maximale de traitement quand les eaux usées des villes de Sidi Ben Adda et Chaabet El Lehem y seront refoulées.
Déjà le représentant du gouvernement devait visiter la station de relevage des eaux usées située à la sortie d’Ain Témouchent et qui collecte les eaux de la ville de Sidi Ben Adda.
Les capacités d’épuration de la station d’Ain Témouchent atteintes
Totalisant une population de près de 35 mille habitants les deux villes rejettent environ 5500 m3/ jour. Avec ce débit additionnel, la station d’épuration d’Ain Témouchent qui est déjà à sa capacité maximale de traitement nécessite une extension et en toute urgence. Pourquoi donc on est arrivé à cette situation alors que toutes les données de traitement et de capacité d’épuration étaient connues au préalable ? Voilà un problème de taille qu’il faut régler.
L’extension de la station d’épuration d’Ain Témouchent pour recevoir les eaux de Chaabet El Lehem et Sidi Ben Adda est-elle la bonne solution ? Le problème de l’extension, selon toute vraisemblance devrait être posé au ministre. Quelles sont les décisions prises dans ce cadre ?