La filière dattière à la conquête de nouveaux marchés internationaux

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Wassila. B 

La datte n’est pas qu’un symbole culturel ou un fruit traditionnellement prisé : elle constitue aussi l’un des piliers de l’économie agricole algérienne. Deuxième produit agricole d’exportation après le sucre, la datte représente un enjeu stratégique dans les ambitions du gouvernement visant à diversifier les sources de revenus hors hydrocarbures. Pour renforcer sa compétitivité sur le marché international et capter de nouveaux débouchés, Alger vient de franchir une nouvelle étape. Le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, a annoncé la création d’une commission spéciale chargée d’examiner les conditions de commercialisation des dattes algériennes. Ce groupe de travail aura pour mission de formuler des propositions concrètes afin d’améliorer la compétitivité du secteur et de tracer une stratégie offensive d’exportation. En 2024, l’Algérie a exporté 66 948 tonnes de dattes vers 57 pays pour une valeur estimée à 108,4 millions de dollars, selon la plateforme Trade Map. Un chiffre prometteur, mais encore loin du potentiel réel du pays. Le gouvernement ambitionne désormais de plus que doubler ces recettes et atteindre les 250 millions de dollars de revenus annuels grâce aux dattes, tout en élargissant les marchés d’exportation à 150 pays. La nouvelle commission devra s’atteler à une tâche complexe : transformer une production abondante, mais encore fragile à l’export, en une filière hautement compétitive à l’échelle mondiale. Parmi les défis majeurs de la filière dattière figurent l’insuffisance d’infrastructures de conditionnement, la gestion de la chaîne du froid, un niveau de valorisation à améliorer sur les marchés internationaux, la lutte contre la contrebande, et la nécessité de sensibilisation des producteurs aux bonnes pratiques de conservation. À ces défis s’ajoutent des difficultés logistiques importantes qui nuisent à la qualité du produit une fois arrivé à destination. Or, dans un marché de plus en plus concurrentiel, dominé par des pays comme l’Arabie saoudite, l’Iran, la Tunisie ou encore le Pakistan, ces lacunes peuvent s’avérer rédhibitoires. Le choix du gouvernement de miser sur la filière dattière s’inscrit dans une politique plus large de diversification économique et de promotion des exportations non pétrolières. Si l’Algérie est aujourd’hui le 7e exportateur mondial de dattes en volume, le pays ambitionne de gravir les échelons grâce à une meilleure valorisation de ses produits, notamment la célèbre variété Deglet Nour, prisée sur les marchés du Golfe, d’Europe et d’Asie. La réussite de cette stratégie repose désormais sur la capacité à mettre en œuvre des mécanismes efficaces pour moderniser la chaîne de valeur, à mobiliser les acteurs de la filière, et à promouvoir l’image de la datte algérienne comme produit de qualité sur la scène internationale. Avec la mise en place de cette commission, le gouvernement semble déterminé à franchir un cap décisif visant à transformer le potentiel de la filière en véritable succès économique.